dimanche 14 février 2010

I LOVE YOU PHILLIP MORRIS

Je n'évoquerai pas I love you Phillip Morris. Pas parce que l'histoire est invraisemblable, mais vraie.
J'ai rencontré des excentriques qui faisaient bien pire que cet individu, cette accumulation de supercheries délirantes, et qui n'auraient pas pu, eux, les justifier par un amour fou, inconditionnel, jusqu'au-boutiste.
Non plus parce que Jim Carrey (éblouissant comme d'hab) et Ewan Mac Gregor(toujours aussi beau) sont parfaits.
Même pas du fait que les deux héros gays un peu caricaturaux ne connaissent que des attitudes et positions stéréotypées.
Mais cette aventure belle et révoltante est passée à coté du génie de The Truman Show. Un metteur en image a le devoir de s'adapter aux contraintes du cinéma, de ne pas s'éparpiller entre dénonciation politique justifiée, mélodrame poignant, comédie burlesque et thriller à rebondissements.
Je risquerais de regretter de faire passer pour
imparfait ce bon film.
Voilà pourquoi je ne parlerai pas d'I Love You Phillip Morris.


samedi 13 février 2010

AMOUR DURABLE


A Paris, un jour de distraction habituelle j'avais une fois de plus oublié mes clés et je dus attendre plusieurs heures le retour d'Oscar devant la porte du studio. Pris d'une envie imminente je grimpai au 6ème où l'on m'avait dit qu'il y avait un wc de palier. Le couloir des chambres de bonnes était encore plus délabré que l'escalier de service dont nous dépendions, même le plancher évoquait plus une grange qu'un lieu d'habitation.
Pourtant l'odeur était acceptable, il y avait du papier et c'était propre. Je m'enfuis néanmoins mon forfait accompli, avant qu'une des portes vétustes s'ouvre.
A 22 ans j'étais sorti de la galère et notre studio devait être un palace au regard de ces chambres là.
Je partageais la corvée de poubelles avec Oscar, et je croisais un matin sur deux le vieux monsieur de l'immeuble. Poli et un peu froid, mais je l'étais aussi, il ne manquait jamais de me saluer de son cabas, avec un murmure étouffé. Je lui donnais 80 ans mais son imperméable clair n'avait plus d'âge.
Et puis un jour, il s'est arrêté devant moi, me bloquant le passage. La voix tremblait un peu, il voulait savoir si avec mon ami, nous accepterions de venir prendre un porto chez lui. Nous convînmes du samedi après midi et il me décrivit la septième porte du dernier étage, où nous devions frapper. J'avais un peu peur, mais Oscar était d'un naturel plus confiant. Nous avons acheté des chocolats et opté pour le jean et la simplicité.
La porte ouverte, notre surprise a été grande. C'était vaste et raffiné. Il avait réuni trois chambres de bonnes et des tapis d'orient couvraient le sol. Des tentures cachaient les portes d'origine et les meubles fleuraient bon la cire. Un écran géant dernier cri trônait devant le lit et le fauteuil voltaire. La bibliothèque était garnie jusqu'au plafond. Il nous entraîna dans le coin salon, et nous servit son porto dans de délicieux petits verres taillés.
Il s'enquit d'abord de notre histoire d'amour d'une année, comme pour se confirmer que ces deux petits jeunes là étaient bien de la famille, puis nous avoua qu'il n'avait pas eu l'occasion de parler vraiment depuis plus de sept ans. Un fin brouillard passa sur ses yeux, et je remarquai leur bleu splendide.

Il n'y eut plus qu'à écouter.
Il avait rencontré son compagnon avant la guerre, la deuxième. Chez des Amis, bien sûr, dans ces années là. Puis ils avaient traversé ensemble la guerre, la démobilisation, les années cinquante, soixante, quatre vingt. Ils avaient vécu dans la joie, la discrétion, les difficultés, les hauts et bas mais surtout la joie.

Cinquante cinq ans d'amour profond et sincère.
Non, nous ne pouvions même pas imaginer.

En redescendant nous étions silencieux. Je pensais aux Jean, Marais son alter ego, Cocteau et Genêt ses mentors, aux années folles. De l'Histoire.
Cinquante cinq ans, c'est ce qu'il voulait qu'on retienne. J'ai retenu.
13,5

mardi 9 février 2010

IL N'EST PLUS LA

Ils étaient deux garçons de quatre ans qui jouaient presque toujours dehors. Ils adoraient explorer leur domaine, un petit bout de route dans le lotissement, les jardins et quelques pièces dans la grande maison.
Le maigre grillage qui séparait les deux familles était franchi sans hésitation, et personne n'y trouvait à redire. Ils ramassaient et dégustaient comme des trésors les pignons que les pins jetaient par poignées sur le sol.
Certaines fois par grand vent les nuées de pollen les surprenaient, ils toussaient et pleuraient en riant.
Un jour ils réussirent à coincer un chaton sauvage dans l'angle du grillage, et ce chaton devint l'ami très cher de celui dont il avait ensanglanté les jambes du genou à la cheville. Tout était rouge, le mercurochrome, le visage de la maman, le coton, le genou et c'était drôle.
Rarement ils allaient à la mer en bas derrière la route.
Rien ne pouvait leur arriver, puisqu'ils étaient amis, et que leur seul devoir consistait à grandir.
Et puis l'aile noire de la maladie a emporté l'un, si vite que la colline où ils habitaient n'a pas eu le temps de comprendre qu'elle s'était vidée de la joie.
Il est parti comme ça sans dire au revoir à son copain.
Ils avaient quatre ans et je suis resté seul pour continuer l'enfance.

lundi 8 février 2010

BANALITE


Kiss in du 12 décembre 2009 à Paris par yaggvideo sur youtube

La banalité, c'est pas notre tasse de thé, en 2010. Un restaurant banal, un film banal, un homme politique banal, on le zappe sans y penser.

Et pourtant on peut en avoir envie comme d'une chose essentielle. Quand on fait partie d'une certaine
minorité, être traité comme tout le monde, on en rêve.
Bon, par exemple, prenez les gays.

Il y en a qui voudraient bien pouvoir se prendre par la main dans la rue, quand ils sont amoureux, ou quand ils sont un très vieux couple et qu'ils ont peur de tomber. Et que cela soit banal. Comme nous l'autre jour, dans Paris hors marais: « Eh les deux PD, ça va? » « Et alors, ça te dérange? ».
Certains aimeraient se marier, avoir des enfants, s'embrasser sur la bouche en boîte où il y a tout le monde, tout ça banalement, sans chichis, sans provocation. Et figurer à l'occasion dans les livres ou les vidéos pour enfants, en tant que couples normaux.

Accessoirement, draguer ses petits camarades du même sexe et du même âge en cour de lycée banalement, ça le ferait aussi. Banalement, parfois ça veut dire sans se faire agresser, ou bien harceler jusqu'au suicide.
Je suis preneur de toutes les initiatives qui banalisent.
Dimanche, à
Bordeaux Gap Lille Marseille Nice Paris Poitiers Rennes Toulon Toulouse Sydney Bruxelles Liège Lima des hommes vont embrasser des hommes, des femmes des femmes, et même des hommes des femmes.
Alors, n'hésitons pas à aller banaliser avec eux.

14

jeudi 4 février 2010

SHERLOCK HOLMES

Robert Downey jr l'a dit, Guy Ritchie le réalisateur affirmé, Sherlock holmes était gay. Egalement névrosé limite psychotique, accro à la drogue qui ne fait pas rire, misogyne, dépressif, amoureux de son meilleur ami, Le Sherlock Holmes de mon enfance n'est pas encore à l'écran. Actuellement Rupert Everett aurait la carrure pour l'incarner, mais qui pour le réaliser? Quand on voit les vicissitudes de la sortie d'I love you philip morris, on excuse le fait que le Sherlock Holmes du jour soit resté à peine ambigu.
Ce film est un bon divertissement. Certes ça explose beaucoup, on canarde à tout va et les fulgurances du détective sous forme de flashbacks immédiats sont un peu artificiels. Mais la reconstitution du Londres victorien est bluffante, le port sur la Tamise un vrai tableau en mouvement. La secret society lorgne du coté du Da vinci, sans en épouser l'outrance, et les machines infernales ont retenu les leçons de Wild Wild West.

Robert Downey jr est parfait dans le rôle, (j'ai une faiblesse pour lui depuis Pour une nuit dans lequel don personnage mourait du Sida). J'irai le voir dans Iron Man 2, et dans Due Date.

D'ailleurs, 2010 va être une bonne année pour moi.

- Les scénarios : I love you Philip Morris, Shrek 4 (pour savoir s'il largue Fiona pour l'âne), Little Fockers (Mon beau père et moi 3), Mumu, AO le dernier néanderthal, 8th wonderland (des millions d'anonymes décident de changer le monde), Mr Nobody (dernier homme mortel sur une terre d' immortels)

- Les réalisateurs :Tim burton avec Alice, Luc Besson pour Adèle Blanc sec,

- Les acteurs,trices : Merryl streep pour Dirty tricks, Daniel Radcliffe dans Harry Potter, Christina Ricci dans After Life, Johny Depp dans The rum diary, Clovis cornillac dans l'amour c'est mieux à 2, Jane Birkin dans Thelma Louise et Chantal (pour le titre aussi),

- Les miams: Robert Pattinson (qui devient miam) dans Remember me et Twilight 3, Paul Bettany dans Légion (je vous ai dit que j'ai un faible pour les blonds? Il leur sera tout pardonné), josh Duhamel dans Life as you know it, Ewan mac Gregor dans The ghost writer

- Mon ptit coeur de midinette: Sex and the city 2.

mardi 2 février 2010

UNE PETITE ZONE DE TURBULENCE

Les personnages de Michel Blanc et Miou-miou (s)abordent la vieillesse et l'usure du couple selon le scénario classique de la comédie de mœurs.
Heureusement pour le spectateur, leurs enfants ne leur épargnent rien. Mélanie Doutey cherche à épouser le beauf au grand coeur, Cyril Descours en gay très présent mais très coincé agace et excite. (le personnage, hein, parce que l'acteur lui ne fait que l'un des deux, devinez lequel).

Leurs vies se lézardent sous nos yeux, le rire ponctue les catastrophes. Mais le drame couve, et Michel Blanc déroule sa scène de bravoure.

Attention ce qui suit dévoile une (faible) partie de l'intrigue:

L'escalier et les murs se ternissent de sang. Le tragique et le comique s'entremêlent, le gore est parmi nous, avec un Michel Blanc plongé dans une dépression grandguignolesque.

La tension se dénoue tandis que le film se teinte de l'histoire d'amour gay, si mignon et si joyeux. Une touche de sensualité, très gay encore, et l'histoire se termine comme le soleil se couche, avec beauté et mélancolie.

On a aimé? Gabriel a laissé sa main sur mon genou pendant presque tout le film, c'est plutôt bon signe.