jeudi 25 novembre 2010

DOUCEUR D'AUTOMNE

J'aime l'automne. Surtout depuis que l'école est finie pour moi.
Je savoure une ballade sur les chemins, bien chaussé, avec ces pulls de laine que l'on commence à supporter. L'écharpe est encore entrouverte, les gants sont superflus, l'œil chargé de lumière dorée.
En bonne compagnie, nos deux regards renouvellent le romantisme, nous nous sommes rencontrés dans quelques jours il y a quinze ans, l'alchimie est intacte.
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Pays de la Loire 25 novembre 2010 agayfriday licence cc
Ceux que nous croisons par hasard affichent la solidarité tribale de l'approche de l'hiver, leurs sourires sont chaleureux, comme la couleur de leurs anoraks.
Les arbres se penchent vers nous pour nous raconter toutes les histoires de l'été révolu, leurs feuilles bruissent du passage de novembre.
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Pays de la Loire 25 novembre 2010 agayfriday licence cc
Au sol ce tapis feutre nos pas dans un murmure unique.
Nous avons envie de partager les sensations dont nous sommes emplis, au crépuscule de la saison.

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Pays de la Loire: douze châteaux au kilomètre carré. 25 novembre 2010 agayfriday licence cc

Nous revivons nos derniers dîners sous la véranda, où après de bons petits plats, blottis l'un contre l'autre, nous avons profité du soleil couchant jusqu'à la froidure.
On se revoit au bord de mer pour une thalasso d'un jour, à demi immergés dans l'eau tiède, les épaules dans le vent frais, les jets nous massant les pieds avec un chatouillis délicieux.
Nous nous rappelons aussi ce salon de thé chaleureux où nous avons pu paresser en sortant du musée des beaux arts, ses fauteuils de velours rouge et son thé parfumé et réconfortant.

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Même les travaux de la voirie sous mon balcon m'ont plu.
Il nous a fallu attendre cette semaine pour retrouver la légèreté et la puissance du gâteau au chocolat maison qui n'est si bon qu'en ce moment. Question de qualité de l'air sans doute, les papilles s'enchantent des châtaignes ou des premiers vins chauds, du crème à la terrasse colorée et chauffée du grand café de la place.
La chattoune se love souvent sur moi, elle me tient chaud à ronronner son bonheur et le mien.
Le cinéma nous a gâté lorsque la pluie est venue rythmer les beaux jours de la toussaint, nous avons des images plein la tête.
La promenade ne prendra vraiment fin qu'environ dans trois semaines, et d'ici là, crois-moi, j'en profiterai au maximum.

jeudi 11 novembre 2010

TRISTE NOUVELLE

Où suis-je? il fait noir, ici.
Bonjour Flavien. Qui je suis? Tu me connais, voyons, je suis ton... arrière grand oncle Flavien, Flavien.
Oui, je sais, nous portons le même prénom et le même nom.
Il faut que tu me rendes service, mon petit. Je viens de partir, et je n'ai pas pu dire au revoir à Marguerite. Tu dois aller la voir, elle s'inquiète. Nous sommes le dix novembre, et elle n'a pas eu de nouvelles de moi depuis plus d'un mois. C'est horrible, la guerre, j'espère que tu ne la feras jamais.
Comment nous sommes le onze, le jour de l'armistice? Ils ont enfin arrêté cette connerie? Trop tard pour moi, mon petit.
Mais vite, s'il te plaît, cours, je la vois se réjouir, elle saute de joie, elle croit que la guerre est finie, que je vais rentrer, dis lui que je vais bien, que je pense à elle. Mais rentrer, je ne crois pas.
J'ai pris une balle, tu sais, hier.
C'est bête, la veille de l'armistice, c'est idiot, et elle ne le sait pas.
Je t'en supplie, Flavien mon petit, elle est blanche comme l'ivoire, ils viennent de lui dire, fonce, crie lui que ça va, je n'ai pas eu mal, je l'aime.
Ils m'ont pas loupé, les boches, j'ai rien senti, je n'ai pas eu vingt ans, je ne les aurai plus, et le souffle d'un esprit, je suis arrivé à toi.

1910
Dépêche-toi, elle va épouser ce brave gars, mais c'est moi qui suis dans son cœur.
Dis-lui que je l'aime, que je reste près d'elle, qu'elle doit vivre et être heureuse.
Dis-lui,...Comment, tu ne peux pas? En...2010??? Non, en 18! 2010??? Mais alors! Je dois partttttttt...
Je me réveille les joues humides, trop chaud sous les couvertures sans doute. Dans les brumes entre sommeil et conscience, je repense à ce monument, dans l'est de la France, avec mon prénom et mon nom. Ceux d'un frère de mon aïeul.
Flavien, écrit le 11 novembre 2010

mercredi 10 novembre 2010

POTICHE

La potiche, c'est la fille de l'industriel qui s'est mariée par amour, mais dont l'amour est depuis longtemps remisé aux oubliettes. Mère de deux enfants désormais adultes, elle est une caricature de bourgeoise inactive de l'année 1977. Méprisée et négligée par tous, elle voit son heure de gloire arriver à l'occasion d'une faiblesse de son mari, et ne la laisse pas passer.
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J'ai pensé brièvement au "Bonheur est dans le pré", ou encore à "La zizanie", qui date de l'époque, mais on est chez le réalisateur François Ozon.
D'un sujet banal, dont l'originalité tient principalement à l'époque dans laquelle il prend place, Ozon tire une comédie brillante. On grince beaucoup, jubile, ricane, s'esclaffe, on rit finalement peu, mais on s'amuse énormément. De nombreux clins-d'œil émaillent la réalisation et les dialogues, citations d'anciens films ou actuelles : "Si vous voulez gagner plus, il faudra travailler plus!". Le sourire ne quitte pas nos lèvres, renouvelé sans cesse par des dialogues cinglants, des situations qui statufient les clichés les plus bétonnés.
Il faut entendre Catherine Deneuve enpermanentée découvrir l'ampleur de son inutilité. Il faut voir Fabrice Lucchini arborer une bouche en cul de poule, tête à claque dans la peau du salaud de service, autoritaire et misogyne.


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Aucun comédien ne cabotine, mais tous surjouent juste ce qui est nécessaire dans des rôles parodiques. On entre dès les premières minutes du film dans un second degré que l'on ne quitte que lorsque les lumières se rallument.
Un vrai spectacle divertissant et ironique, qui se savoure, tout comme la jolie prestation du toujours admirable Jérémie Rénier.
Et j'ai réalisé que ce film réunissait Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, les deux monstres sacrés du cinéma français, ce n'est pas si souvent.

lundi 8 novembre 2010

LA PRINCESSE DE MONTPENSIER

Dans les années 1560, on ne se marie pas par amour. Marie n'épouse donc pas Henri de Guise, dont elle est amoureuse, pourtant un beau parti. Elle fait ce que lui ordonne son père, qui par stratégie la donne à Montpensier.
Il faut dire qu'en pleine guerre de religions, à la veille de la Saint Barthélémy, il ne fait pas bon se tromper de camp. Le comte de Chabannes, joué par Lambert Wilson, l'apprend à ses dépens, proscrit pour ne pas savoir choisir et s'y tenir.

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Marie, elle, est aimée. Par son mari, son précepteur, son ancien amant, et même le duc d'Anjou, héritier de la couronne. Elle navigue dans les sentiments entre ces personnages, et y perd son honneur et ses illusions.
Le spectateur en revanche ne peut être qu'ébloui devant une telle richesse de moyens au service du film.
Les costumes sont d'une vérité et d'une perfection à tomber, comme les décors et l'image. On signalera d'ailleurs que tout le début du film est tourné au château du Plessis-Bourré, à quelques kilomètres d'Angers. Pour l'avoir visité cet été, je conseille les extérieurs, très spectaculaires, qui justifient amplement l'aumône que l'on verse pour les parcourir.
Bertrand Tavernier a fait traverser la France à des meubles d'époque pour garantir l'authenticité du banquet dans la grande salle du château, de même qu'il a soigné les tenues, jusqu'au dernier spadassin au fond d'une scène de bataille.
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Son casting également est irréprochable. Tous les comédiens sont crédibles et fins dans leur jeu.
J'ai apprécié le personnage du futur Henri III, nullement caricatural pour une fois, quoique ses affinités soient passées sous silence. Joyeuse est là, mais leur relation n'est pas évoquée.
La scène avec Catherine de Médicis est remarquable, on plonge dans un tableau du XVIème, fidèle en tous points à la petite histoire. Cette femme a participé à l'une des périodes les plus noires de l'histoire de France en important les mœurs florentines à la cour de France. On aimerait ne pas revivre la même période, sachant que le rejet d'une religion minoritaire et les intrigues politiques sur fond de crise économique ont provoqué cette débâcle.
Un film en costumes de cette qualité ne se voit que tous les dix ans.

Plessis Bourré
Tournage au Plessis-Bourré
Je sais, en ce moment je suis un peu trop enthousiaste à propos de cinéma, il faudrait que je trouve vite à te parler de poésie ou d'états d'âme avant la sortie du prochain Ozon, sinon ce blog va bientôt n'être plus qu'une critique ciné. ..
Pas facile, "Potiche" sort le dix novembre!

mercredi 3 novembre 2010

L'HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE

Aimes-tu le comédien Romain Duris? Si non, passes ton chemin, "L'homme qui voulait vivre sa vie" n'est pas pour toi, car il est omniprésent, presque seul dans un road movie qui ne dit pas son nom.
Mais heureusement, si tu as déjà reconnu ses très grandes qualités d'acteur, tu sais qu'il choisit parfaitement ses participations, il a les épaules larges de ceux qui peuvent porter un scénario. Et il en faut, pour conserver l'esprit de l'excellent livre de Douglas Kennedy sans en être esclave, et faire marcher son personnage dans les rails d'une destinée peu commune.
De rebondissements en coups de théâtre, l'homme joué par Duris veut vivre sa vie, d'un milieu superficiel de bourgeois arrivistes à la terre aride d'un nouveau pays.
Romain Duris
Romain Duris
A moitié volontaire, à moitié le jouet des circonstances, c'est en se perdant définitivement qu'il se trouve, c'est en fuyant qu'il s'enracine enfin dans l'essentiel. Certaines séquences signent l'éclair de génie de l'auteur, dans les paradoxes et l'ironie de ce que que la vie lui propose.
Comme mes phrases dans ce petit billet, le film est long, ce qui m'a confirmé une fois de plus qu'une heure trente cinq, cela suffit pour la plupart des intrigues.
Je ne parierais pas cette fois pour une réussite grand public, mais on ne s'ennuie pratiquement pas, l'identification à l'anti-héros est prenante, et les prolongements intellectuels des questions posées par le film tout à fait intéressants.
niels-arestrup
Niels Arestrup
A t-on le dernier mot sur son propre destin ?
Ce long métrage sans concessions répond résolument oui.
Mention spéciale pour Niels Arestrup que j'étais heureux de retrouver dans un joli rôle.
A toi la parole...