jeudi 15 décembre 2011

ELEPHANT DANS UN MAGASIN PHOTO

Avant l'ère de la photo numérique, au siècle dernier donc, je voulais prendre des cours de photo. J'étais sur le point de concrétiser quand les premiers engins sans pellicules sont apparus. Ça m'a semblé bizarre de se décider à ce moment-là à apprendre à se servir des modèles de l'ancien régime. Comme de se mettre à la perruque pendant la révolution française : on risque la guillotine en place de grève. 
Mais le monde n'était pas prêt pour mon arrivée dans le numérique. Rappelons que les premiers appareils numériques pesaient une enclume pour deux cent mille pixels seulement, et coûtaient un bras et un bout de jambe. Autant patienter, vu qu'outre la tête, je préfère aussi conserver mes membres.  
En attendant, les labos photo ayant disparu, je me suis mis à prendre des photos avec mon téléphone. Depuis un peu plus d'un an on parvient même à reconnaître les gens que je photographie: Halleluyah! 
Mais à présent les gros numériques font 18 millions de pixels, arrivent à peu près à la cheville de mon antique Zenit tout manuel, et sont presqu'abordables. Il est temps de se remettre à la photo. Comme je n'aime guère les contraintes, j'ai opté pour une association de photographes qui me permettra d'apprendre sans que le Père Fouettard me donne des cours. 
Je suis donc allé à ma première réunion de passionnés et futurs passionnés. Justement nous étions deux nouveaux futurs.

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Éléphant dans un magasin photo livre 1 
  On nous a demandé de nous présenter. Romain d'abord : "Bonjour, je m'appelle Romain, j'avais envie de progresser au contact d'autres photographes, j'ai entendu parler de vous par une amie, comme appareil j'ai le marc 12280 modèle 5S triple embrayage à déclenchement à injection, et j'ai amené quelques photos, prises par hasard. C'est un peu concepteu, mais avec le logiciel de retouche (coutant deux mois de salaire) que j'ai, je n'ai pas pu les travailler plus" (il aimerait en changer, si quelqu'un a une petite réduction pour le logiciel valant un an de salaire moyen). 
Suivent des photos qui représentent des nuages filés, il appelle ça la place de l'hotel de ville filtrée au dn5. Tout le monde s'extasie, c'est vrai que c'est un peu concepteu, moi je dis ce serait très beau comme photo abstraite dans mon entrée, à la place de ma photo de New York. 
C'est à mon tour. "Je m'appelle Flavien, c'est un peu comme Romain, j'aimerais progresser, je prends des photos avec mon téléphone et je vous ai amené des photos de mon chat". 
Silence très visuel, solitude intense. 
Un participant dit timidement que ça peut être intéressant d'explorer ce qu'on peut faire avec des photos de téléphone. 
Silence. 
Le président indique que sinon, il vend un de ses anciens appareils, de 2005, pour seulement 400 Euros. Tout le monde a l'air soulagé comme si Carla Bruni venait de finir d'accoucher sous le sapin du Noël de l'Elysée devant les enfants. Le secrétaire de l'association scrute mes photos de très près, commente le manque de profondeur de champ, et me pose une question sur les données exif de la photo. 
Les données quoi?  Un autre participant me répond très lentement, en détachant les mots, que ce sont les détails de la prise de vue avec la vitesse, la focale, toutes les données de la photo, quoi. 
L'évidence. 
Avant de se quitter on rappelle les thèmes d'une prochaine fois, notamment on veut travailler sur le vertige en pose longue. Tout le monde trouve le thème excitant, je me sens décalé comme un échappé de l'asile. 
Et me jeter du haut d'un pont, ça le ferait, pour le thème vertige?

mercredi 7 décembre 2011

COMPROMIS DOMESTIQUES

Je crois qu'il n'y a pas de couple durable sans compromis. Ma première machine à laver premier prix ayant de suite décidé qu'elle ne chaufferait plus, j'avais pris l'habitude de tout laver à l'eau froide. Habitude que j'ai conservée en changeant de machine, ça évite les rétrécissements intempestifs.
Il faut dire que ma méthode de traitement du linge est d'une simplicité géniale: je verse le contenu du panier à linge dans la machine, puis une quantité intuitive de lessive, consciencieusement dans le bac prévu pour. Je tourne ensuite le bouton sur l'un des chiffres cabalistiques, généralement trois quelle que soit la marque de la machine, le trois me réussit. Malgré quelques incidents de temps à autres, j'étais satisfait de mes prestations. 
Pourtant Gabriel n'arrivait pas à s'habituer aux nuances de teintes créatives que prenaient les vêtements au contact les uns des autres. Par exemple une chemise rose mariée avec un pantalon bleu marine prend une jolie couleur violette très originale. Mais ça ne lui plaisait pas, les goûts et les couleurs! Pour le fer à repasser, même technique. Réglé sur trois, tout se défroisse très vite. A l'occasion, on ne doit pas oublier de racler la semelle pour enlever la couche de brulé qui s'accumule progressivement. J'ai donc dû faire une concession, Gabriel gère les vêtements. 
Comme je ne m'occupe plus du linge, j'ai reporté tout mon talent à saccager pour les repas les bons produits que nous trouvons chez les paysans du coin. Et ainsi cahin-caha, nous gardons la santé, une garde-robe utilisable, et l'envie de manger au restaurant. Bien que je déteste ça, je suis assez efficace en bricolage, et j'assure donc la plomberie ou l'électricité. Gabriel pour sa part se charge de râler dès qu'il s'avise qu'il faut d'urgence une prise à un endroit où en trois ans elle n'avait encore jamais manqué.

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Compromis domestiques Biches de Franz Marc domaine public 
 Il y a des limites aux compromis. Les frontières à partir desquelles cela deviendrait des sacrifices. 
Je n'aime pas habiter Paris, voilà une chose qui n'est pas négociable. Un grand loft avec terrasse à New York en revanche, je pourrais me faire une raison. Hélas Gabriel ne me le propose pas. Sûrement parce qu'il ne veut pas alimenter mon esprit de sacrifice. 
On a commencé à discuter à partir de deux ans de vie commune. Avant on vivait dans l'illusion que tout se passait naturellement bien, et que le conjoint était un saint auréolé et diplômé en perfection absolue. Au moment où l'on a perdu cette vision chimérique, on risquait de ne plus voir que le monstre qu'il était. Alors qu'avec quelques aménagements il fait en réalité un tyran supportable. 
Plus ou moins tous les sept ans, on ressort le tapis de palabres, et le calumet de la paix. 
Après seize ans cette semaine, notre couple tient, pour l'instant, à force de sensualité renouvelée, d'estime ou d'amitié vigilante, et de compromis domestiques.

vendredi 2 décembre 2011

RUBAN ROUGE

Chocolat ou café, un peu découragé hier, a remarqué que le 1er décembre on pensait aux séropositifs et à la prévention du sida, et que dès le lendemain tout était oublié.
Et ben non : On est le 2!
J'ai lu entre autres les billets vidéo de Tambour Major, percutant, et celui de Deef, que j'aime beaucoup, plus soft.
Être séropositif, ce n'est toujours pas une partie de plaisir. Alors je persiste, se laisser aller au bareback, ne pas se protéger, c'est encore aujourd'hui inconscient ou criminel. Il y a bien d'autre moyens de trouver l'excitation.
On peut :
- Etre fidèle en couple exclusif depuis plusieurs mois et pratiquer du bareback qui n'en est plus. C'est plus excitant qu'on ne croit.
- Le fétichisme est une source de plaisirs infinie : rien que dans un catalogue par correspondance il y a des dizaines de milliers d'objets et vêtements. On peut être très créatif.
- Le SM quand on a confiance apporte des jouissances extrêmes avec préservatifs. S'arrêter au bon niveau de souffrance, être attentif à l'autre c'est une expérience.
- Les mises en scènes de fantasmes peuvent rendre les préliminaires plus excitants que l'acte lui-même. Avec capotes.

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Ruban rouge
 - La sexo orale fortifie la mâchoire et la langue, contribuant à une bonne hygiène dentaire. Incroyable comme on est occupé quand on a la bouche pleine.
- La sexualité de groupe ça pimente, il y a comme un plus de sentir ou voir les autres (tous protégés).
- Les massages intimes, ou très intimes, permettent de battre des records de durée, et on peut dire : "j'ai fait l'amour pendant quatre heures". On huit heures pour les endurants.
- Faire l'amour dehors, dans tous lieux et toutes sortes de circonstances ajoute un frisson de risque ou le plaisir du soleil sur la peau. Il suffit d'avoir des capotes sur soi.
- On trouve dans les boutiques spécialisées ou sur internet des toys : rien que comprendre comment on s'en sert on est au bord de l'extase.
- Internet a modernisé la bonne vieille diffusion de films pornos, il n'y a pas de mal à regarder les gens qui aiment être regardés. Surtout s'ils pratiquent sans risque.
- Dans le même genre d'aucuns font ça à distance avec un inconnu à l'autre bout de la planète par toile interposée. Les joies d'une culture différente.
- Le bondage pour ceux qui supportent, rend le partenaire de jeux très attachant, ou très attaché, c'est selon.
- Pigalle n'a pas le monopole du striptease, à la maison c'est aussi la fête.
- En pratiquant un sport, les endorphines s'ajoutent aux dopamine, sérotonine, ocytocine, vasopressine, pour multiplier le plaisir. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la sueur...
- Détourner un hétéro, il y en a que ça rend fou de plaisir. Des hétéros j'en connais qui ne demandent que ça.
- Certains adorent les jeux de miroirs, les enregistrements vidéos ou les photos. la preuve c'est qu'on ne manque pas de peoples sur le web. On peut se revoir, et voir des choses habituellement invisibles.
- Il y a le poil, que l'on peut raser partiellement, tondre, ou pour les amateurs se perdre dedans. Comment s'appelle t-il déjà, l'acteur qui joue dans prince of persia?

Bon, on peut pratiquer tout ça sans risque de transmettre ou d'attraper autre chose que du plaisir. 

mardi 29 novembre 2011

THE LADY

C'est le mari de l’héroïne aux prises avec la dictature birmane qui sert de fil conducteur à The Lady : Un intellectuel anglais amoureux, entraîné dans une aventure qu'il essaye de faire sienne. Comment l'amour peut-il trouver sa place lorsque l'objet aimé est dévoré par sa vocation politique? 
Son épouse lutte avec dignité et droiture contre la tyrannie par la résistance non-violente. Elle tente d'animer le mouvement de libération, en dépit des pièges tendus et des pressions exercées par les despotes. Lui louvoie en trimballant leurs enfants, entre la Birmanie et l'Angleterre, au gré des visas reçus ou refusés. Le scénario est centré sur la vie personnelle de cette famille, sans occulter le combat politique de cette femme et ses partisans. 

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The Lady 1
 Les paysages et les décors sont magnifiquement filmés, l'histoire se déroule sans heurts, et les moments d'effroi sont équilibrés par des instants de rire ou d'émotion. Le film est optimiste car en restant en vie et en organisant un retentissement international, le personnage principal suit son objectif sans faille. 
Je craignais que Luc Besson ne laisse libre cours dans son nouveau film à sa naïveté et son goût des grands effets, alors que le sujet de The Lady nécessitait rigueur et engagement. 
On pourra trouver qu'aborder l'action d'une telle femme par l'angle de son histoire d'amour est puéril : C'est un peu comme si l'on filmait une biographie de De Gaulle à travers le regard de sa femme Yvonne.
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The Lady 2
En fait, en sortant de cette séance on a surtout envie de parler de l’héroïne qui a inspiré le réalisateur, Aung San Suu Kyi. Cette personne est en Birmanie en ce moment même et son action continue, les journaux en rendent compte régulièrement.
Le parti pris de Besson d'aborder son  icône sous l'aspect sentimental ne l'empêche pas de s'effacer derrière son héroïne. Par sa simplicité, son œuvre donne envie de s'intéresser à la femme politique qui lutte contre une junte grotesque et sanglante en Birmanie. C'est un compliment pour un long métrage qui attire l'attention sur une personne hors du commun. 
Et après tout, on va bien au cinéma pour oublier le quotidien, et sur ce plan c'est réussi. The Lady sort demain en france.

vendredi 25 novembre 2011

N'AI-JE DONC RIEN APPRIS?

Pas plus que l'homosexualité, je n'ai choisi mon tempérament.  
Je supporte difficilement les contraintes, mêmes celles que je tente de m'imposer : J'ai eu des problèmes dès que j'ai commencé à travailler. J'avais décroché un job d'ingénieur commercial à Paris. L'idée était bonne, car le commercial est un poste assez autonome. 
Hélas l'entreprise qui m'avait embauché considérait que former ses employés à ses méthodes américaines et ses produits asiatiques était indispensable. Je fus donc convoqué pour suivre une formation les huit premiers jours. Le premier, tout se passa bien. Pour l'entreprise. Un cadre fort ennuyeux nous raconta dès neuf heures tapantes les arcanes de la vente à l'américaine du Middle West. Il suivait son fil et ne supportait pas les interruptions, ni les bavardages. Sa journée minutée et son enthousiasme forcé faillirent me provoquer une polyarthrite juvénile fulgurante à force de bâillements sans limites. 
Le lendemain matin pour aller au boulot j'empruntai le périph, mais me trompai de direction. Pour faire demi-tour je pris la première sortie, mais me retrouvai sur une autoroute en direction de Marne-la-Vallée. A nouveau je sortis mais il n'y avait pas de rond-point avant la rase-campagne. Je finis par m'arrêter pour un besoin personnel et retourner enfin sur mes traces. Avec les bouchons et mon inattention j'arrivai avec plusieurs heures de retard. On ne me croira pas, mais en sept matinées je visitai contre mon gré toute la banlieue de Paris. Et même le vingtième arrondissement. Le "je me suis encore perdu" quotidien me valut un avertissement. 
Par la suite, je ratais presque toujours le débriefing hebdomadaire obligatoire. En trois ans ils ne voulurent jamais croire que je ne le faisais pas exprès.
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N'ai-je donc rien appris domaine public
Pourtant je me perdais, tombais malade, n'entendais pas le réveil, me trompais de bâtiment, de jour, fixai par erreur un rendez-vous à un gros client à la même heure, avais un accident de voiture, absolument involontairement. Ils durent me dispenser officiellement de la réunion du lundi matin pour que j'arrive enfin à obéir. 
Je ne supporte pas les obligations, c'en est une maladie. Au service militaire je me suis évanoui (endormi?) deux fois lors des présentations imposées au drapeau, j'en ai été dispensé pour raisons médicales. Encore aujourd'hui je regrette qu'un coup de fil au dernier moment ne puisse organiser tous mes rendez-vous, tant je ne suis pas sûr que mon inconscient m'autorisera une contrainte, surtout répétitive. Je dois ruser.
J'ai dû arrêter la course à cause d'une entorse et je me suis mis à la piscine. Inutile de tenter un club ou prendre des cours à heures fixes, je ne m'y tiendrais pas. Je ne prévois jamais d'avance l'heure de mes séances, j'improvise trois fois par semaine en fonction des horaires d'ouverture. Surtout pas toujours le même. A ce prix je parviens à une certaine régularité. 
J'ai changé quinze fois d'entreprise, et enfin à mon compte je suis soulagé : aucun supérieur ne tente désormais de me mettre au pas. Le seul avantage de ma malédiction est que sur le plan sentimental, je crois que mon chéri trouve son compte dans mon coté parfois inattendu : l'amour est enfant de bohème. Je n'ai rien souhaité de ce fonctionnement, mais à force je me discipline. Dans le couple, je suis chargé des repas, et je suis fier d'avoir réussi à  me soumettre à une saine ponctualité, nous dînons tous les soirs! L'heure varie de dix-neuf heures à vingt heures trente, mais c'est mon maximum. Sauf quand j'oublie et que je découvre Gabriel soupirant et affamé aux fourneaux. 
Je ne crois pas que l'on change en fait, je crois qu'en mûrissant on apprend à s'adapter à nos limites. 
Et c'est déjà pas mal.

lundi 14 novembre 2011

SALON DE CREATION

J'atterris souvent autour ou au nord du quartier Bastille, où les parisiens que je fréquente semblent se concentrer. Ce weekend de novembre nous avons tué une heure de début de soirée au "Grand marché de l'art Contemporain", qu'un lyonnais ou un Angevin appellerait un marché de la création. 
De fait j'apprécie beaucoup ces marchés où tous les exposants sont d'authentiques artisans d'art ou artistes.
Le verre fournit des occasions de brillances fascinantes, et un reflet romantique à découvrir sur l'image.

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salon de création 1 table verre
Un fou d'ardoises évoque Soulages avec des effets de chatoiements noirs.

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salon de création 2 ardoises
J'ai bien aimé les marcheurs sans fin. 

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Salon de création 3 marcheurs
En tant que lampe, ça ne paraît pas très abouti, mais pour du vitrail il y a quelque chose.

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Salon de création 4 vitraux
Un banc champêtre pour mon jardin, mais est-il confortable? ce n'est pas l'essentiel.

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salon de création 5 banc champêtre
Des stands classiques entre le port de l'arsenal et l'opéra bastille.

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salon de création 6 stands
Quand on contemple des créations même malhabiles, ou de l'art, on respire.
L'art, ultime recours lorsque tout le reste est vain?

dimanche 13 novembre 2011

MARIANNE ET LE MARIAGE

Ils ont eu le courage de se marier à la mairie de Perpignan. Oh, bien sûr, je sais, ce mariage sera invalidé, en dépit de la mairie, de la présence du maire et de leurs invités. Deux hommes n'ont toujours aucun droit de convoler officiellement, d'unir leurs destinées d'adultes responsables.
On a entendu les habituelles récriminations et injures, ce n'est qu'une provocation, une manœuvre électorale, on bafoue le visage de la République. Habituelles car je les entendais déjà lorsque tenant innocemment la main de mon amoureux, je voulais vivre la seule vie que la nature m'ait offerte, celle d'un gay.
Pourtant il me semble que Marianne s'est sentie autrement bafouée à chaque fois que l'on a commis en son nom tout au long du siècle dernier des actes véritablement honteux.
Je ne crois pas en fait qu'elle scruterait nos lits, à essayer de deviner nos ébats pour les condamner, si elle était matérialisée devant nous. Je crois qu'elle nous accorderait cette égalité que nous désirons tant comme une évidence.
Ces deux hommes ne sont peut-être qu'un peu en avance sur leur temps. Comme l'ont été récemment des juges entreprenants qui ont porté des coups de canifs au rejet des pères et mères gay(e)s, et comme de nombreux pays étrangers plus progressistes.
Mais je crois qu'en profitant de la possibilité offerte par ce maire, ils ont surtout plongé dans l'instant présent de leur affection. En public ils ont affirmé qu'ils étaient chacun pour l'autre l'objet d'un amour sincère et sans limite. En s'embrassant devant tous, ils ont ritualisé pour la République l'engagement profond de deux adultes libres et aimants. Et ce public-là était fraternel.
En regardant la fin du reportage sur les visages des jeunes mariés émus et déterminés,  j'ai eu la certitude que même si ce mariage était défait dès lundi, il a eu lieu et ce n'est pas rien.
Et j'ai bien cru voir Marianne s'éloigner avec un petit sourire complice, car dans cette salle les trois mots inscrits sur toutes les mairies avaient régné en maîtres quelques dizaines de minutes.

jeudi 10 novembre 2011

INDIGNEZ VOUS

Je fais (très) rarement de la politique sur ce blog. 
Néanmoins aujourd'hui je suis Indigné. 
Les marchés financier sont en train de mettre à genoux l'Europe et la France, c'est à dire nous. 
Cela n'est rendu possible que par un manque de fermeté des gouvernements qui n'utilisent pas suffisamment d'arme de dissuasion contre les spéculateurs et les créanciers des différents pays. Rappelons que l'Islande a  tenu ce discours de fermeté lors d'une quasi-faillite du pays, en nationalisant les banques et en s'appuyant sur deux référendums pour refuser les diktats des créanciers. Bien lui en a pris, sa situation se normalise sans trop de casse.
Ce sont les marchés financiers qui ont créé le chaos actuel en développant des produits aberrants et une spéculation forcenée. 
Ce sont eux qui s'appuient maintenant sur la mollesse des gouvernements pour faire des profits gigantesques sur le dos des citoyens européens.
Je soutiens donc le mouvement des Indignés  qui fait pression, sans distinction de parti ou de bord politique, sur les instances françaises et européennes pour une fermeté totale à l'égard des marchés financiers. 
Je ne souhaite pas le grand soir, mais le pouvoir doit rester aux citoyens et nous exprimerons cette exigence le 11 novembre partout en France.

mardi 8 novembre 2011

MA PREMIERE FOIS

Qu'est-ce qui peut bien distinguer les blogueurs des vulgum pecus ne se donnant pas cette peine? Pour répondre à cette question je rencontre pour la première fois des blogueurs à Paris. 
Les débuts sont difficiles : Apercevant au dessus de ma tête une célèbre enseigne de grands magasins, Je donne rendez-vous à l'entrée, logique. Naïf que je suis d'oublier qu'un grand magasin parisien cumule de nombreuses entrées, qu'il organise toutes savamment pour faire croire que chacune est la principale. Moi et mon rencart tournons donc joyeusement pendant dix minutes. 
Au moins ai-je le plaisir de faire à mon interlocuteur de dos une divination en décrivant sa tenue. L'auteur de Deefblog arbore sur son visage un sourire désarmant surgi de l'enfance, peu avant de me présenter la barbe bien taillée de celui de Des fraises et de la tendresse. Nous baguenaudons à la découverte de quelques cafés, dans un itinéraire que nous partageons avec des centaines de parisiens à l'optimisme béat, vu qu'ils croient comme nous trouver une terrasse tranquille! 
Au passage j'admire le sens des affaires des tenanciers. Non seulement ils casent plus de clients à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais ils font des économies de chaises et tables. Un petit coin de terrasse et sa table de bistro nous permettent finalement un petit tour du monde et de la littérature.  Ouf.
En reprenant mon rer, je vois sa population évoluer de station en station. Un vieil homme à la peau laiteuse et parsemée de tâches, cheveux blancs, grimpe à son tour. La poche de sa veste est renflée et le goulot vert dépasse. Le wagon est silencieux comme le sont les rames parisiennes, traits tirés et indifférence quotidienne. les provinciaux ont bien tort de saluer quelqu'un dans le ter, juste parce qu'ils le côtoient tous les jours. Les parisiens du rer eux, savent qu'il faut feindre ne reconnaître personne. 
On n'entend que le vieux qui tousse. Ou est-ce autre chose? On dirait qu'il pousse plutôt un cri de ménate. Une personne lui cède son strapontin, sans parole. Une fois assis il murmure des propos incompréhensibles. Puis ce sont des insultes, avec des mots que l'on n'a plus à utiliser depuis l'abolition de l'esclavage. De plus en plus fort, de plus en plus clairs. 
Un jeune commence à dire à voix haute qu'il ferme sa gueule, celui-là. Entre moi et le fond du wagon au loin, il n'y a que le vieux qui ait la peau claire. Pourtant je me sens plus proche de n'importe qui d'autre ici. Lorsque l'homme parle de vermine, le trentenaire qui partage ma banquette, dont la veste touche ma cuisse, crie qu'on va le faire taire. Je découvre à ce moment que le clochard a une ancienne trace de désinfectant rouge sur le crâne, que l'on devine à travers les cheveux blancs. Il continue de vociférer, tandis que les portes s'ouvrent sur La Courneuve. Des jeunes par groupe de cinq ou six l'entendent et crient du marchepied qu'ils vont le faire descendre et s'occuper de lui. Je voudrais intervenir, mais suis-je le mieux placé pour défendre cet individu au comportement insupportable? Mon voisin s'agite à nouveau, parle fort et fait mine de se lever. Je lui tiens le bras et lui dis qu'il ne s'agit que d'un poivrot, qui ne se rend pas compte des horreurs qu'il dit. S'il tend la main, il peut attraper le vieux. Je croise le regard de ma voisine d'en face, elle a un peu peur. Ma phrase est tombée dans un nouveau silence. 
C'est désormais moi que les jeunes à la porte regardent. Puis de l'autre coté de l'allée un homme d'une quarantaine d'année se lève et se penche. Il est grand et carré, style agent de sécurité. Il ordonne aux jeunes de lâcher la porte pour que le rer puisse repartir. Le train repart, l'insulteur se tait.
Je remercie Paris d'avoir prévu un peu d'animation exotique pour ma première fois, mais il ne fallait pas, vraiment.
 Ah, au fait, les blogueurs ont bien quelque chose en plus des gens habituels : un blog pour raconter des histoires de tous les jours.

jeudi 20 octobre 2011

MECENAT D'AUJOURD'HUI

En tant qu'ingénieur commercial je me devais de fréquenter mes clients importants dans leurs hobbies, pour instaurer une relation amicale. Il m'est donc arrivé d'applaudir au tennis les performances d'un quinquagénaire transpirant, ou de tenter un squash avec un sportif du dimanche néanmoins directeur informatique. Parfois j'avais de la chance. Ce soir-là j'avais rendez-vous dans la galerie d'art personnelle de ce chef d'industrie milliardaire. 
Après avoir montré patte blanche à l'entrée, je fus abordé par une maître d'hôtel me demandant mes préférences culinaires pour le repas qui suivrait ma visite. Une attention délicate lorsqu'on est invité pour un dîner mondain. On descendit un escalier interminable, car la galerie était installée dans une station de métro désaffectée achetée par le magnat. 
En arrivant sur le quai, je fus accueilli par un grand écran diffusant l'extrait du journal télévisé qui annonçait le décès de David Hockney, peintre célèbre de la fin du 20ème. A la fin de l'hommage, l'image se brouillait, devenait diaphane et laissait place à un écran noir, avant que l'écran ne s'éteigne complètement. Pour se rallumer sur le même extrait de journal quelques secondes après. Une sensation bizarre, cette nécrologie éternellement renouvelée. 
Plus loin mon client vint à ma rencontre. Après les salutations d'usage, il entreprit de me montrer les pièces de la collection. Une vitrine de la taille d'un grand aquarium comportait deux étages avec des figurines de personnes en plein travail de bureau, comme la coupe d'un immeuble de La Défense. En appuyant sur le bouton, la vitrine s'illumina, nimbant les silhouettes de lumière blanche et vive au point de les rendre invisibles. A la place, les hologrammes dessinaient des dizaines de cocons de vers à soie, dans lesquels on voyait par transparence les vers s'agiter.

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Mécénat d'aujourd'hui livre 1 domaine public 
Un peu plus loin deux peintures assez classiques se faisaient face. Mais l'usage de rehauts dorés et argentés faisaient penser à un Basquiat qui aurait fauté avec Murakami. Mon hôte me jeta un regard aigu lorsque je luis dis. Une grande sculpture de tête de chien en bronze, un genre de dogue noir, émergeait d'un socle. D'où j'étais, on voyait une petite main dépasser de la babine droite du chien. Une main de petit enfant. En faisant le tour de la sculpture monumentale, je découvris l'enfant, qui riait aux éclats, et dont le bras était entièrement dans la gueule du chien. La joie et la confiance du petit ne laissaient aucun doute sur la complicité avec l'animal. 
Puis une autre vitrine murale comportait une série de mobiles d'une grande marque diffusant des images dont le patchwork dessinait un livre du moyen-âge. Puis l'image changeait et on voyait une expo au japon, avec la même vitrine et des visiteurs asiatiques regardant la même scène, en simultané. 
D'ici, j'apercevais la passerelle qui joignait le quai sur lequel j'étais et l'ancien quai d'en face. L'extrémité de celui-ci était aménagée pour le dîner de gala. Je tentais de déchiffrer une photographie codée lorsque quelqu'un me frappa violemment la tête.
Gabriel s'était retourné dans son sommeil, mettant d'une main innocente une fin brutale au mien. 
Je ne suis plus commercial depuis des années, et les meilleures oeuvres contemporaines sont visibles par tous à Beaubourg ou dans les musées de province, pas besoin de riche client mécène pour les voir. David Hockney est bien vivant, et personne ne contemplera jamais les "œuvres d'art" que j'ai vu dans mon rêve. 
J'aurais quand même préféré que Gabriel me laisse profiter du déjeuner gastronomique. 
Je ne sais pas comment lui expliquer qu'il me doit un bon resto.

mercredi 19 octobre 2011

DES AMPOULES ET DES CLICHES

Eh oui, l'été est encore là : grand soleil et 21°C à l'ombre par ici aujourd'hui,  alors les derniers clichés de l'été :  
- Combien de blondes faut-il pour changer une ampoule?
Aucune, c'est la nuit, il n'y a qu'à attendre que le jour revienne...Non?
- Combien d'hétérosexuels faut-il pour changer une ampoule?
Aucun, elles font chier ces meufs à parler pendant le match.
 - Combien de gays faut-il pour changer une ampoule?
Un pour l'ampoule, cinq autres pour commenter ses fesses.
- Combien de fils d'une mère juive faut-il pour changer une ampoule?
Aucun, ne t'en fais pas, je m'assiérai dans le noir, j'ai l'habitude. 
- Combien de psychanalystes faut-il pour changer une ampoule?
Aucun, l'ampoule se changera d'elle même lorsqu'elle sera prête.
- Combien de blogueurs faut-il pour changer une ampoule?
Un seul, les autres tapent frénétiquement sur leur ordi pour commenter l'info.

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Des ampoules et des clichés Boldini le hamac domaine public
- Combien de français faut-il pour changer une ampoule?
Aucun, ils sont déjà tous à manifester contre la panne.
- Combien de génies de chez Appeul faut-il pour changer une ampoule?
Aucun, l'obscurité est le nouveau standard révolutionnaire d'Appeul.(hommage)
- Combien de blonds faut-il pour changer une ampoule chez Agayfriday?
Aucun, dans le noir on est très bien avec un blond velu comme il faut.(Daniel Craig, si je peux choisir?)
- Combien de chinois faut-il pour changer une ampoule?
Un  pour changer l'ampoule, et un milliard fabriquent ou copient le modèle.
- Combien d'hommes politiques faut-il pour changer une ampoule?
Un seul à la fois, les autres sont occupés à faire basculer, scier, brûler l'escabeau, et à appeler un juge car l'ampoule a été corrompue.
- Combien d'américains faut-il pour changer une ampoule?
Un qui tient fixement l'ampoule, and the world tourne autour.
En attendant de devoir rallumer l'ampoule,  profitons encore un moment d'un bon fauteuil et des 24 degrés de la véranda, une dernière fois avant l'hiver...

jeudi 13 octobre 2011

ENFANCE PERDUE

Pour une fois papa et maman ont décidé qu'on allait se détendre à la plage après le travail. 
D'habitude je n'ai pas le droit de descendre, je dois rester dans le lotissement sur la colline. La plage est de l'autre coté, et si sans leur dire je descends souvent avec mon copain jusqu'à la route, je ne la traverse jamais. J'ai eu quatre ans il y a quelques semaines, mais je suis grand pour mon âge. 
Comme je suis en plus particulièrement éveillé, tout le monde me donne cinq ans et me parle gentiment, j'en suis fier. Maman ne dit pas que je suis éveillé, elle, elle dit que je suis "remuant", ou exaspérant, selon les moments. 
En arrivant sur le sable ce soir-là, on s'aperçoit qu'il fait déjà assez frais dans le petit vent, mais personne ne dit rien, pour ne pas gâcher. On étale les serviettes, je commence à creuser mon château, la tâche est d'importance. Eux sont assis, ils regardent la mer, et ma sœur s'occupe de son coté, elle est très vieille, elle a neuf ans. 
Les derniers touristes quittent la plage, mais nous ne sommes pas des touristes, nous vivons ici. Maman dit que le monsieur qui part là bas avec sa femme ne s'embête pas parce qu'elle a vingt ans de moins que lui, elle s'est mariée pour son argent. Je réfléchis, puis je dis clairement et d'une voix forte : "Moi quand je serai grand, Maman partira, et je me marierai avec Papa.". Je suis content de moi, mais en regardant leur air surpris, mes certitudes se lézardent.

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Enfance perdue livre 1 Franz Marc domaine public
Maman crie à Papa qu'il ne va pas me laisser dire n'importe quoi. Papa s'approche de moi et la calotte que je prends sur l'oreille me rend sourd de ce coté-là. Puis il crie lui aussi "Mais c'est pas vrai, qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ça?" et il frappe mon coude de l'autre coté. 
Il a raté l'autre oreille parce que j'ai mis mes deux mains dessus. Elle hurle "C'est dingue, c'est le diable ce môme". Je n'arrive pas à prévoir où vont tomber les coups, sauf que je crois qu'il alterne droite et gauche. Il a des morceaux de bois dans ses mains, j'ai des sensations de battoirs qui me heurtent, mes yeux sont fermés et mon nez touche mes genoux. A nouveau la voix de Papa "J'en peux plus de ce gosse, je vais le tuer". J'ai mal et j'ai du sable qui vole dans mon nez. Je crois que je vais mourir avec un goût salé dans la bouche. Je serre tout, mes yeux, mes mains sur ma tête, mes genoux sur ma poitrine. Ça n'arrête pas, ça n'arrêtera jamais, je ne tiendrai pas, je ne quitterai pas cette plage, je ne reverrai pas la maison. Et finalement ça s'arrête. 
J'attends un peu et j'écarte les mains, j'entrouvre les yeux. Je croise à travers le brouillard les yeux de hibou de ma sœur. Elle a les yeux si grand ouverts qu'ils sont ronds comme des calots, et on dirait que de grosses cernes sont nées en quelques secondes. Elle ne cligne pas, son corps est figé comme une statue. Une vague de douleurs venues de tous mes membres me submerge brusquement...Je ne vois plus rien. 
Je me réveille dans mon lit, j'ai mal partout. Je tressaute au moindre bruit, au moindre mouvement mes mains reviennent sur ma tête. Je suis sur le qui-vive, sans pouvoir me calmer vraiment, jamais.
Moins de deux mois après, mon copain meurt inexplicablement. Lui on le met dans la terre. Pour toujours je serai sur mes gardes. 
C'est que la vie, c'est très dangereux. 

vendredi 7 octobre 2011

SCENE DE MENAGE

Avec les couples non-gay forcément nous étions un peu plus réservés. Sauf Cyriel et Doriane, un couple uni qui nous était plus familier que les autres. Ce soir-là, nous sommes arrivés très simplement vers vingt heures pour un dîner de copains. Accueillis avec chaleur, nous fréquentions leur appartement depuis des années. On se faisait la bise quatre à quatre sans chichis. On ne se tapait pas sur l'épaule, mais le cœur y était.  
Il faut dire que cette union-là pour nous c'était celle du soleil et de la lune, la complémentarité parfaite entre la personne qui rayonne à l'extérieur et celle qui vous enrichissait à l'intérieur. Cyriel jouait la comédie, un peu dans la vie et beaucoup sur les planches des théâtres. Doriane quant à elle, gérait  "une structure associative". Autrement dit, elle faisait la comptabilité pour une association de droit au logement. Et les discussions étaient toujours animées et franches. 
Ce soir-là, pourtant, il y avait un malaise. Cyriel, qui avait préparé le repas, faisait le service avec précipitation, en nous noyant sous les sujets de conversation. C'était curieux, car nous n'avions pas le temps de répondre avant qu'on ne change de thème.
- Et vous avez vu les derniers films au cinéma?
-...
- Vous savez que je joue du Feydeau en ce moment? il est génial ce Feydeau, pas pris une ride.
Et le monologue continua, devant trois convives muets. Nous imitions les cyprins dorés dans leur bocal lorsqu'ils relâchent une bulle d'air gobée en surface. Nos bouches s'ouvraient et se fermaient en cadence sans émettre un son.
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Scène de ménage livre 1 Franz Marc domaine public
En fait, Doriane ne paraissait guère surprise. En la regardant attentivement on voyait qu'elle boudait. Nous tentions d'en placer une, Doriane se renfrognait, et Cyriel occupait le terrain.
Nous n'avions pas le temps matériel de finir nos assiettes avant que Cyriel nous les enlève. Super soirée. Je tentais de me rappeler le dernier dîner, pour savoir si j'avais encore fait une bourde, au cas où. En bon spécialiste des gaffes, avais-je mis les pieds dans le mauvais plat? Dans le genre "Mais maintenant que les enfants vont à l'école, tu vas enfin pouvoir finir tes études". Dans ma tête les choses sont souvent trop simples.
Mais à l'occasion d'un aller-retour de Cyriel dans la cuisine, Doriane décrocha enfin la mâchoire.
- On se sépare.
Trois mots et ce fut tout. Cyriel revint, le jeu de masques reprit. Comment deux personnes si bien ensemble depuis si longtemps pouvaient-elles se séparer?
Et finalement, on a su le fond de l'histoire. Cyriel avait pour partenaire dans le Feydeau une jolie comédienne à laquelle Doriane était fort tentée d'arracher les yeux. Elle s'était retenue jusque là, mais en ce jour de relâche la dispute avait mal tourné. D'autant que ce n'était pas la première fois, mais sans doute la dernière.
Le repas s'est fini de la même manière, et on s'est éclipsés. Depuis une copine m'a raconté une sévère scène de ménage en public pour le même genre de raisons, et j'ai compris que cette soirée -là s'était bien passée. Même dans la trahison et la crise, ce couple là était resté civilisé. 
Néanmoins on croit bien connaître des personnes, on voit un couple comme une entité indivisible,  et on découvre que malgré leur amour l'une est multipartenaires et pas l'autre. 
Et que ça pose problème, y compris chez les lesbiennes. Pourquoi rien n'est-il simple?

vendredi 30 septembre 2011

PORNIC EN SEPTEMBRE

J'ai compris que les saisons ont un peu changé par ici. les mois d'avril à juin se sont déplacés de février à mai. Le mois de juillet commence désormais mi-septembre, et août a investi juin. A la place des anciens mois de juillet et d'août, on a mars et octobre. Ce n'est pas clair?
Donc en ce moment, en plein mois de juillet, c'est le moment d'anticiper le weekend et de profiter des 27°C au bord de l'océan. Sinon quand pourrions nous? Pas en été tout de même! Brrrr... 
Vers Pornic la mer, l'océan je veux dire, a la température douce et la vague conquérante. Les petites criques de sable se méritent par une descente dans les rochers digne de la varappe, mais en bas on se croit dans les calanques de Cassis. Peu de monde, surtout un jeudi, et une attitude amicale des autochtones. Ce sera peut-être plus chargé ce weekend. 
En attendant on bronze et on se félicite de pouvoir s’arrêter en juillet, surtout qu'il y a quinze jours, en plein mois d'octobre donc, on a trimé très dur. On fait mieux le break quand on l'a mérité.
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Pornic en septembre livre 1 licence cc
Le paysage est déjà breton, le temps méditerranéen, le spectacle plus chaud que Las Vegas, tout va bien. Hélas aujourd'hui nous avons vu un homme cinquantenaire trèèès bien conservé, trop bien. Un vrai carton rouge. J'en ai des boutons, ou des complexes. 
En venant, on s'est fait arrêter. 
"Veuillez descendre du véhicule, le conducteur". "Mettez les mains sur le capot". "Videz vos poches". "Vous avez des substances illégales, sur vous ou dans le véhicule? Vous en avez consommé?"
Non monsieur l'agent, c'est mon air normal, je n'ai jamais eu besoin de prendre des trucs pour délirer, c'est permanent, c'est dans mes gênes si vous préférez.
"Le passager descend, tenez vous devant le capot pendant que je fouille le véhicule". Ouf il ne démonte pas les garnitures de portes.
"Vous pouvez repartir, bonne journée". (Non, il n'a rien trouvé, mauvaise langue). 
Dans la crique je lis un roman de Foenkinos. Son nom commence en vent chaud et finit comme une de mes passions en allemand, il ne peut être mauvais. J'ai souvent la lecture "insoutenable légèreté". Mais tous les écrivains ne sont ils pas insoutenablement légers?

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Pornic en septembre livre 2 licence cc
Tiens, un personnage qui a mon prénom, dans le roman. "Elle avait toujours aimé ce prénom. C'était élégant et calme comme l'idée qu'elle se faisait des années cinquante." Il m'énerve cet auteur. Quelques pages plus loin il tue le personnage. En fait il avait une dent contre moi mon prénom. 
Le coucher de soleil est sublime, d'autant qu'il n'est pas besoin d'attendre minuit pour en profiter. Il arrive à l'heure du dîner, car le soleil, lui, est resté fidèle à l'ancien calendrier, nous sommes le 29 septembre. Je vois la vague arriver, je sauve la serviette et mon chéri, en revanche Gabriel voit avec un cri de folle légèrement aigu son livre baptisé par l'eau salée.
Une bonne période pour des vacances. Depuis deux ans je découvre les Pays de la Loire et la Bretagne, et franchement c'est beau. On va en profiter jusqu'au bout de la belle saison. 
Ensuite vivement février qu'on puisse recommencer à vivre dehors.

lundi 26 septembre 2011

SUIS-JE GAY?

Je ne suis pas gay
Voilà, je suis désolé pour tous ceux que je déçois, pour ce blog qui va devoir s'arrêter ou changer de nom, mais la science a parlé, je ne suis pas gay. L'appli sur les smartphones a démontré ce qui était invraisemblable refoulé en moi depuis si longtemps. J'aime les femmes. 
Il y a plein de preuves, c'est l'appli qui l'a dit. je suis la plupart du temps négligeant avec ma tenue vestimentaire. Je traîne avec un jean hors du temps, un pull extralarge, j'ose même faire les courses avec. Sans marque en plus. Il faut dire que mes parents ont vraiment désiré un garçon, et ils étaient si contents lorsqu'enfant j'ai démontré des dispositions pour le foot et plusieurs autres sports. 
C'est une telle satisfaction pour moi, aujourd'hui, et un soulagement, de m'avouer et d'avouer au monde que j'aime forcément les femmes. Que j'aime ces silhouettes en goutte d'huile, aux hanches larges et aux épaules étroites. En effet, je l'ignorais mais le fait de m'être battu plusieurs fois, d'avoir pratiqué un sport de combat me range définitivement chez les hétéros. Je me disais bien que n'avoir eu aucune passion pour Dalida était étrange, faire ma toilette en deux minutes dans la salle de bains en chantant fugitivement Maxime le Forestier aurait dû me mettre la puce à l'oreille.  
Je ne dois raffoler en définitive que d'embrasser les filles, sentir ce goût de lait légèrement ranci, pétrir les mamelles qui m'avaient nourri autrefois. Quelque part, je m'en doutais en fait. Je n'ai jamais eu de piercing, pas même à l'oreille à l'époque où c'était un signe de reconnaissance indispensable.

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 suis-je gay? livre 1
 J'ai eu des flirts avec des filles que j'ai ramenées à la maison, je ne sais pas trop ce qui a débloqué ensuite. Mon manque d'enthousiasme lorsqu'on allait trop plus loin n'était donc dû qu'à un blocage incompréhensible.
Au moins mes parents se sont-ils rassurés sur mon orientation sexuelle à ce moment là. Ils n'avaient plus les questions qui les avaient torturés et  les avaient fait me torturer dès que j'ai eu trois-quatre ans. Vraiment je suis soulagé de savoir que mes nausées à l'odeur épouvantable des fruits de mer poilus n'étaient que temporaires. Aussitôt que possible, je vais m'y remettre.
Mes parents qui forment encore aujourd'hui un couple solide n'ont rien à se reprocher malgré leurs déséquilibres : mon père n'était pas très autoritaire, en dehors des moments où il pétait un plomb. Je n'étais pas très proche de ma mère, je me méfiais davantage d'elle. Ce sera une surprise pour eux après toutes ces années. Ce qui est rassurant, c'est que je n'aurai aucun mal à leur annoncer mon authentique hétérosexualité. Je n'ai jamais été timide pour ce genre de choses, ils ont subi ma soi-disant homosexualité dès qu'elle est apparue, ce coté direct est une preuve de plus. Désormais tout sera simple, je vais surmonter mon attitude d'analyse clinique à l'égard des organes génitaux féminins, ils me feront cauchemarder rêver.
Non, la seule chose qui me gène encore, c'est de faire du mal à mon chéri, je me suis tout de même attaché à lui en seize ans, c'est humain y compris pour un vrai hétéro. 
Et je ne sais pas comment lui répondre quand il va traiter ces applications de foutaises racistes. 

jeudi 22 septembre 2011

HOMOPHOBIE CONTEMPORAINE

Je ne saurais mieux dire que Ditom ce qu'il avait à annoncer aujourd'hui :
"A 14 ans, l’amour de ses parents, sa thérapie et de nombreux appels au secours sur twitter ou quelques vidéos postées sur le projet it gets better,  n’auront pas suffi à Jamey Rodemeyer pour sortir du désespoir insufflé par l’homophobie crachée quotidiennement sur son passage par de sales adolescents beaufs se pensant tellement supérieurs....."
J'invite chacun à suivre ce lien maintenant et éventuellement à laisser un commentaire chez lui,  ça existe aussi en France. C'est ici : L'avis de Ditom.

vendredi 16 septembre 2011

ECOLOGIE ET MARIAGE

L'écologie est l'un des thèmes les plus présents en ce moment, et j'aimerais que mon vote soit utile à l'écologie. Or dans les décisions politiques en matière d'écologie tout n'est pas bon à prendre. 
- On nous a imposé des ampoules économie d'énergie, c'était mettre la charrue avant les boeufs. Les nouvelles ampoules sont polluantes à fabriquer, on nous a menti sur leurs qualités lumineuses, leurs durées de vie, et toutes celles qui seront cassées ou mal recyclées libèreront des gaz et du mercure. Ce qui n'était pas le cas des ampoules à filament. 
- On veut nous faire rouler au biocarburant,  mais c'est autant de nourriture qui ne poussera pas dans les champs. A t-on éradiqué la faim dans le monde pour recréer aussitôt après les famines? 
- On prend des mesures en faveur de la voiture électrique, mais encore faudrait-il intégrer la gestion des batteries, la fabrication et le transport de ladite électricité dans le calcul. Le bilan est dans ce cas bien moins flatteur. 
- Certains veulent absolument interdire l'ouverture d'un aéroport moderne à Nantes pour remplacer l'ancien, confondant écologie et retour à l'âge de pierre.



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Ecologie et mariage Photo domaine public
Par contre d'autres directions sont prometteuses. 
- L'isolation des bâtiments est un gisement d'économies et d'écologie très important. Comment peut-on, quarante ans après le premier choc pétrolier, jeter encore les calories par les fenêtres? Il est inadmissible de chauffer encore nos habitations ou bureaux. Il faut isoler à grande échelle.
- On sait aujourd'hui fabriquer des cellules solaires fiables et légères. Il ne devrait plus rouler un véhicule terrestre, marin ou volant, plus exister un ouvrage ou bâtiment qui ne soit recouvert de ces cellules. 
- Il y a sept poubelles dans ma cuisine, mais mon tri des plastiques ne sert à rien, car ma collectivité l'enfouit ou l'incinère. On ferait bien de légiférer sur les emballages plastiques, car les plastiques asphyxient la planète. Les papiers, cartons et composites peuvent en remplacer l'essentiel, il n'y a qu'à voir les étalages des magasins bio.  
Voilà. Muni de mon petit programme, je me mets en quête d'un parti qui reprend ces priorités écologiques. 
Je cherche dans le fouillis des propositions...Je cherche... Je...
Boah, finalement je vais voter pour celui qui accordera l'égalité du mariage aux gays, là au moins on nous propose du concrêt.

dimanche 4 septembre 2011

UN DETAIL SANS IMPORTANCE

Je n'avais pas vu mon cousin depuis mes vingt ans. 
Après la révélation  de mon homosexualité, mes parents m'ont interdit de fréquenter la famille. Il faut avouer que j'avais manqué de tact. Il faudrait faire son coming-out lorsque la maturité rend moins impatient, moins revendicatif. Lorsqu'on est sûr de soi au point de supporter leur silence, leur rejet, leurs protestations comme leurs menaces. Sans parler de leur culpabilité ou de leurs plaintes. 
Lorsqu'ils m'ont expliqué combien ils désaprouvaient mon "choix", j'en ai en effet profité pour leur dire à quel point leur façon de me traiter avait été nulle, et ce depuis mes trois ou quatre ans. Déplacer le sujet a un peu soulagé ma colère. Ils ont nié tout mes souvenirs en bloc, m'ont traité d'affabulateur. Comme si entre trois et douze ans la mémoire n'était pas fiable. Il est vrai que la plupart des anciens enfants battus, abusés ou déracinés de leur foyer ont tendance à avoir honte de ce qu'ils ont subi. Je luttais donc contre une triple honte, et en réalité ne pas chercher à voir les membres de ma famille proche ou lointaine m'arrangeait. 
J'ai passé plusieurs années à retrouver les preuves de tout ce dont je me souvenais. Pas pour faire un procès à mes géniteurs, mais pour confirmer la solidité de ma mémoire. Mieux vaut se baser sur une enfance ruinée que douter de sa santé mentale toute sa vie. Puis le temps a passé. Mes parents sont lentement devenus des êtres pathétiques et déséquilibrés, comme ma soeur.

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 Un détail sans importance livre 1 toile de Franz Marc domaine public
Je les fréquente maintenant davantage, même si parfois leur coté immature m'agace encore. Nous ne parlons plus du passé, mais ils sont toujours dans le déni. Il arrive que ma mère devant des relations explique mon attitude un peu lointaine par une vague ingratitude, un gène égaré de froideur. 
Ils m'ont prié de me joindre aux grandes réunions familiales, ce que j'ai fait. Du coup je revois mon cousin depuis peu, ainsi que ses frères et soeurs. Lorsqu'il a insisté pour que je le rejoigne dernièrement à l'occasion de sa visite chez mes parents, j'ai accepté. Ca s'est bien passé, sa femme et ses deux petites filles (6 et 4 ans) sont adorables. 
Après le repas, et la vaisselle, nous étions, mon cousin, ma mère, et moi dans la cuisine, à prolonger un moment de calme. Il disait à ma mère à quel point il admirait leur restauration de cette maison ancienne. Il y a eu un long silence et à ce moment ma mère a dit "Oui, nous étions plus doués pour la maçonnerie que pour l'éducation". Elle ne regardait aucun de nous deux, mais fixement le mur. Après l'avoir observé avec surprise, mon cousin s'est tourné vers moi d'un air interrogateur. Le silence s'est prolongé, je n'ai rien trouvé à dire, rien de rien, j'avais le cerveau complètement vide. 
Pourquoi maintenant, pourquoi devant mon cousin, et qu'est-ce que je dois faire de ça? 
Gabriel m'a juste dit que c'était incroyable qu'elle ait enfin sorti un truc pareil. Peut-être. 
Ou alors c'est un détail sans importance.

vendredi 26 août 2011

TERRA BOTANICA PARC A THEME ANGERS 2

Suite de la partie 1.
Ce parc est immense. On se détend dans les serres, on admire les scènes exotiques et on expérimente la quarantaine d'attractions assez tranquilles.

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Terra Botanica livre7 tous droits réservés
On explore des ambiances très variées, aussi différentes que la banquise ou la jungle.

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Terra Botanica livre8 tous droits réservés
 Les visiteurs sont conquis, même si les adolescents et post-adolescents auraient aimé compléter le dépaysement par des sensations plus fortes.


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 Terra Botanica livre9 tous droits réservés
Je pense que la priorité des priorités dans l'avenir de ce parc à thème sera d'ouvrir une section manèges et autres montagnes russes, au décor végétal bien sûr, pour que vraiment tous les âges aient envie de venir et revenir.

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Terra Botanica livre10 tous droits réservés
 Malgré  nos longues jambes et notre motivation, il a été impossible de parcourir tout le parc en cinq heures.
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Terra Botanica livre11 tous droits réservés
Il faudra revenir, pour une nouvelle journée dépaysante et délassante.
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Terra Botanica livre12 tous droits réservés
La nature dans toute sa diversité nous a laissé une impression durable de beauté et de majesté, et nous reviendrons explorer en d'autres saisons ce parc.

jeudi 25 août 2011

TERRA BOTANICA PARC A THEME ANGERS 1

 Keukenhof en Hollande est un enchantement de tulipes dans tous leurs états, qui exploite tous les dessins, les mises en scènes et les variétés possibles. Néanmoins deux heures après l'arrivée au parc, la lassitude pointe : Que de tulipes! A l'inverse, nous avions tenu deux petites journées pour écumer la totalité du parc Eurodisney (je sais, je suis un grand enfant). Je pensais donc qu'à Terra Botanica, on serait plus proches de la visite rapide de Keukenhof que du week-end complet nécessaire. 
Dès l'entrée il faut choisir un des univers à thèmes qui chacun offrent un circuit indépendant. Comme j'aime la chronologie, nous avons commencé par la préhistoire.

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Terra Botanica livre1 tous droits réservés
Ici pas de parterres à l'anglaise, mais une immersion dans des décors grandeur nature dignes du cinéma.
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Terra Botanica livre2 tous droits réservés
 Le carbonifère est noir et vert, peuplé de rocs sombres et de fougères épineuses, de rivière cahotique.
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Terra Botanica livre3 tous droits réservés
 Les jeunes et les encore-jeunes ont de nombreuses occasions de jeux de découvertes.
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Terra Botanica livre4 tous droits réservés
Tous les décors sont basés sur des plantations naturelles, avec un sens de la théatralité et un sens artistique certain.A l'heure du déjeuner, pas d'ennui en vue, on teste les sandwiches écolo-tendances. Hamburger Carotte-poulet-curry et couverts en bois pour moi, un en-cas à la hauteur au bord du canal.
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Terra Botanica livre5 tous droits réservés
Pour se changer les idées et se reposer de marcher ou de jouer, de nombreuses salles de projection ou théâtres, une dizaine au total, en 3D, dynamiques ou en plongée nous accueillent. Les différents univers à visiter sont aussi différents qu'imaginables.

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Terra Botanica livre6 tous droits réservés
Il est vrai que la nature a tout inventé, les plus inventifs des romanciers ne font que s'en inspirer. 
La suite ici

lundi 15 août 2011

SUPER 8

Vu ce qu'on a comme navets blockbusters médiocres cet été, il devient indispensable de signaler un film à gros spectacle, mais agréable. 
Je reconnais que la bande de gosses qui refait le monde dans l'ancienne gare abandonnée, on nous l'a déjà fait en long en large et en travers depuis les années 50. Le complot de l'armée qui finance des expériences louches dans le dos des honnêtes citoyens ne révolutionne pas non plus le cinéma. Bien sûr, l'histoire de l'extra-terrestre qui veut juste rentrer chez lui et que le méchant-monde-des-humains ne comprend pas ne dit rien non plus à personne, lol. Le scénario de Super 8 avait donc tout pour nous faire goûter le plus sirupeux dessert en jelly réchauffé de 2011. Eh bien ...Ce n'est pas entièrement faux. Franchement pendant toute la projection, j'ai pris sur moi pour passer sur les ficelles assez prévisibles de l'intrigue. Du très classique. 
Mais en réalité ce film n'est pas de science-fiction. Celle-ci sert de paravent à une comédie de mœurs pleine de délicatesse. Les jeunes personnages ont la qualité d'engagement du début de l'adolescence. Ils jouent avec le plus grand sérieux, à l'image des adultes, mais décalés et intrépides comme des enfants. Si on l'avait oublié, ce temps intermédiaire entre l'enfance et la majorité est celui de tous les possibles. Ils peuvent se montrer plus sagaces, responsables, d'une créativité débordante, et totalement inconscients.
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Super 8 tous droits réservés au film
Le spectateur plonge dans leur monde et voit les habitants de la petite ville avec leurs yeux. Nous oublions à quel point les gens sérieux et importants paraissent absurdes et limités, quand on les découvre en grandissant. Par petites touches, avec ses effets spéciaux grandiloquents, le réalisateur nous le rappelle. 
Il oppose la fraîcheur du petit clan astucieux et le carton pâte des vrais durs. 
En se levant lors du rallumage des lumières dans le cinéma, on se rappelle que la vérité est là : Ne pas être dupe, mais y croire quand même. Et à l'image de notre vie de faux-semblants dans laquelle  on essaye de faire un truc intéressant, le générique de fin recèle une pépite qu'il ne faut pas manquer, le vrai sujet de ce film.
Il y a des guimauves plus vertes ou des magiciens plus téléphonés qui m'ont moins accroché que Super 8 dans la catégorie gros budgets. Et qui ne m'ont pas fait revisiter E.T, Alien, La guerre des boutons, Godzilla 54, Stand by me, Les envahisseurs ou Men in black.

vendredi 12 août 2011

AFFECTION SANS LIMITES

On était en Belgique, à Bruxelles, Pierre et Yvonne n'avaient plus vingt ans. Pourtant leur plaisir de vivre rayonnait, proportionnel aux presque soixante années qu'il avait déjà passées ensemble.  Ce jour-là j'étais invité, ils m'avaient accueilli avec une aimable hospitalité. En ce milieu de matinée nous bavardions à bâtons rompus.
- Et tu fais quoi, maintenant?
- Je suis ingénieur commercial, dans l'informatique.
- Ah, ce doit être très intéressant! Et ta mère, toujours aussi dynamique?
- Oui, elle ne change pas, par monts et par vaux. Personne n'arrive à la suivre, j'ai renoncé depuis longtemps.
- Qu'est-ce que tu as grandi! Tu as trouvé un métier?
Pierre posa doucement une main noueuse sur l'avant-bras d'Yvonne.
- Mais il nous l'a dit, Yvonne. Il est technicien! Dans les ascenseurs.
Il souriait gentiment. Je n'ai pas osé le contredire.
- Ah oui, c'est vrai. Où en étions nous, déjà?
 A un moment donné Yvonne suspendit la conversation pour dire qu'elle avait une petite faim. Elle s'excusa en rappelant qu'en se réveillant comme les vieux aux aurores, à dix heures le petit déjeuner était déjà loin. Aussitôt Pierre se leva, lui demandant ce qui lui plairait.
- Je prendrais bien une tartine, avec du beurre et de la confiture, et un verre de jus d'orange.
- Je te prépare ça de suite.
Et il s'empressa vers la cuisine. La discussion reprit en attendant. Dix minutes après, une délicieuse odeur de fines herbes grillées se répandit. Pierre revint bientôt avec dans les mains deux assiettes couvertes d'une superbe omelette, accompagnées de biscottes. Elle déclara en le regardant avec amour:
- Oh, c'est exactement ce que je voulais. Mais tu as oublié...le petit verre de blanc!
Pierre se précipita et revint avec deux verres à demi-pleins de vin blanc.Tout en mangeant, il l'observait avec ravissement. Elle ne cachait pas son plaisir, lui jetant de temps en temps un coup d’œil joyeux.
Moi seul, avec mon jeune âge, avais détecté quelque chose d'étrange.
Il restait dans l'air une tendresse détachée du réel, libérée du temps et de la mémoire.
Quelque chose comme une affection sans limites.

lundi 25 juillet 2011

DE LA COLERE DES CONS ET DES FOUS

Il y a aujourd'hui sur le blog de Gildan l'interview d'un chanteur qui tente de dire ce qu'il pense en s'extrayant du politiquement correct. En paroles et en chanson, il aborde généreusement le sujet des cons. 
Il est stupéfiant, compte tenu du nombre de cons sur terre, qu'il n'y ait pas davantage de meurtres. Lorsque nos prochains se comportent comme des cons, des fois, on a une bouffée de colère, on ne sait pas ce qui nous retient. Lui est fier de s'être débarrassé des cons, perdant par là même un bon tiers de son public.  Pourtant cet artiste reste dans les limites. 
Car enfin qu'est-ce qui distingue l'homme civilisé du fou hystérique? Le fait qu'il se contienne. La colère est là pour nous donner de l'énergie de façon à nous faire passer les obstacles ou combattre avec raison nos ennemis du jour. Elle n'a pas pour utilité de nous faire exterminer des inconnus sans discernement. Pour cela il n'y a qu'un esprit dérangé. 
Mais pour qu'elle reste dans ses marques, il faut qu'elle s'exprime, par petites doses, afin d'éviter l'effet autocuiseur. C'est ce que fait ce chanteur avec ironie et accent prononcé. Je doute que celui-là tire un jour sur tout ce qui bouge. Cons de droite, cons de gauche, il leur règle leur compte à petites doses.
Pour en finir (provisoirement) sur le sujet, et compte tenu du fait que la peine de mort est indéfendable, il faudrait envisager de mettre tous les cons en prison. Hélas il ne resterait personne pour fermer la porte... 
Alors lorsqu'un fou plus dangereux que les autres fait un carnage, il faut se contenter de l'enfermer et pleurer le gachis épouvantable, la colère ne sert à rien.

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De la colère livre 1 Franz Marc domaine public
Cette petite digression était partie d'un post de Gildan. 
Le Petit Monde de Gildan veut faire découvrir ses passions musicales. D'accord, il est un peu obsessionnel des Hushpuppies, mais il a bien d'autres notes à sa partition. Ses goûts éclectiques lui permettent de passer d'une star oubliée des années 60 au groupe actuel plein de talent qui mérite davantage que le petit bout de salle qu'il occupe.
Pour éviter le professionnalisme aride, il allusionne ses vidéos et audios de sa vie de spectateur, de la politique ou la vie des blogs. Ce qui lui permet de rester dans un proximité familière sans vraiment s'étendre sur sa vie privée. 
Sa bonne humeur déborde dans l'utilisation de la typographie, les couleurs et les formes. J'ai découvert chez lui de nombreux musiciens, chanteurs ou groupes qui ne passent pas sans arrêt sur Fun. Rester un blog en naviguant entre les écueils de l'anecdotique, du jargon et de l'usure pro, du clientélisme ou du populisme, n'est-ce pas là un idéal de blogueur?
Le Petit Monde de Gildan, c'est par ICI.

mercredi 20 juillet 2011

CASE DEPART

Pour rompre avec le délicat murmure de la brise sous le soleil torride d'été pluie qui bat la terrasse, j'ai choisi de m'enfermer un peu au cinéma. Après avoir épuisé tout les genres que je fréquente d'ordinaire, je suis allé voir Case Départ. 
Autant dire que je m'attendais à la comédie débile  avec sortie de la salle en moins de dix minutes. Finalement comme le disent Telerama et les snobs habituels, la comédie aligne des gags anachroniques et des dialogues lourdingues la comédie est sans prétentions ce que l'on appelle généralement une série B, mais très regardable. 
On y découvre deux jeunes hommes à la peau plus ou moins sombre, plus ou moins bien intégrés dans la société française de 2010. Entre ambition servile et paresse rebelle, ils cherchent leur voie dans notre système loin d'être parfait. Mais en raison d'un sort vaudou, ils se retrouvent transportés aux antilles de 1780 en plein esclavage.

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Case Départ tous droits réservés au film
 Leurs certitudes sérieusement ébranlées par le contexte donnent lieu à un grand nombre de gags à l'occasion téléphonés, mais souvent irrésistibles. Les plus graves clichés sont évités, les opinions toutes faites combattues, et on passe un moment fort divertissant. 
Bien entendu l'esclavage du film est parfois un peu d'opérette, parfois platement horrible, mais le propos fait quand même réfléchir. L'un des personnages oublie dans la devise de la France la Fraternité, et les discussions d'après-film, en dépit des caricatures et au delà du rire, ont tourné autour de cette notion là. De plus en clin d’œil un jeune personnage se prénomme Victor, comme l'un des pères de l'abolition.
En sortant j'avais complètement oublié la chaleur écrasante les averses, le but est donc atteint.

mardi 12 juillet 2011

BILLET DEBILE DE L'ETE 1

Les six bonnes raisons pour détester le sexe en été


1 - En vacances on perd le principal avantage du humhum.

le principal avantage du humhum c'est de se détendre, se changer les idées, s'éclater les sens. Mais en vacances on passe son temps à visiter, bâfrer, faire du sport, se baigner, bronzer. On ne fait que se détendre,se changer les idées et s'éclater. Alors le humhum perd tout son intérêt.

2 - Les amours de vacances sont vouées à l'échec.

C'est bien connu, le ringard mal foutu qu'on n'aurait même pas regardé dans la rue en ville, en vacances avec de la house plein les oreilles, un bon coup dans le nez, et vu qu'il a mis une perruque de Madonna et une plume dans le cul, on va se laisser tenter. Le réveil sera difficile...

3 - La drague l'été c'est naze

Quand on drague, l'hiver on est soi-même, on fait des efforts raisonnables pour se mettre en valeur, on exagère un peu mais pas tant que ça. L'été, on se sent obligés d'en faire trop, on rit forcé, on se parfume trop, d'autant qu'avec la chaleur quand ça ne tourne pas, ça étouffe. On est hyperoptimiste, tout est gé-nial, tout le monde est beau et qu'est-ce qu'on s'amuse. On est juste artificiel et pathétique.
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Billet débile de l'été 1 livre1 plage domaine public

4 - L'été est le temps de prédilection pour les parasites

l'été est la période où on prend moins de précautions. L'ambiance est au relâchement et à la liberté, alors nos habitudes en matière d'hygiène se relâchent. Or justement les mycoses adorent la chaleur. Elles sont très contagieuses et se multiplient à la faveur des contacts. Ca envahit tout le corps et particulièrement les parties intimes et les plis naturels. Si on ne fait rien, il faudra bientôt un rateau pour soulager les démangeaisons. Et franchement se passer pendant des semaines des produits collants pour éliminer les champignons récidivants c'est pas agréable. Il faudrait aborder dans la foulée le problème des morpions et de la blenno, mais c'est vraiment trop dégueu.

5 - L'été casse la magie

C'est bien connu, les préliminaires dans le humhum c'est le meilleur. Deviner le corps à travers les vêtements, déshabiller lentement pour dévoiler le mystère, profiter de chaque parcelle de peau, chaque poil qui apparaît. Mais l'été, on a passé toute la journée à regarder le corps dévêtu. Au début on est excité mais à la fin de la journée, on est juste saturé, gavé. A quoi bon découvrir ce qui a été exposé au public sans retenue? ce serait comme s'essuyer avec une vieille serviette sale et déjà humide.

 6 - L'amour à la plage, le soleil, le sable, tout ça

C'est très romantique l'amour à la plage. Mais quand on a bien chauffé, le moindre contact brûle et est insupportable. Et le sable est de même nature que la toile d'emeri et le papier de verre, dès qu'on frotte un peu ça devient douloureux et sanguinolent. On serait mieux en ville dans un bon lit.

Ah oui, au fait, je n'ai pas prévu de vacances en été. Je pars en septembre. Et toi?

mercredi 6 juillet 2011

EDUCATION ET TOLERANCE

Alors que les Gay Prides se terminent, une information venant de Guebwiller en Alsace vient comme une gifle à la face de la République: Un enseignant d'une école religieuse de la ville a été prié de choisir entre démission et cure de désintoxication en Espagne.
Drogue dure, dira t-on? Non, le professeur de 35 ans, dont la compétence professionnelle n'est pas en cause, avait décidé de vivre sa vie de couple avec un homme. En tout bien tout honneur. Dieu merci, c'est le cas de le dire, il a opté avec réalisme pour la démission forcée. Il en a été quitte pour une période de dépression, comme dans tout harcèlement moral. L'école se justifie en affirmant que le mode de vie du professeur est incohérent avec l'éthique de l'établissement.
Je frémis à l'idée qu'il ait pu céder à la deuxième proposition et qu'il ait été perdu non seulement pour l'éducation de nos têtes blondes, mais aussi pour l'humanité. Car ces camps de rééducation mentale ont prouvé leur inefficacité et leur dangerosité pour leurs victimes. Faut-il le répéter, l'homosexualité ne se "guérit" pas, tout simplement parce qu'il ne s'agit pas d'une maladie.
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Education et tolérance livre 1 couple domaine public.
Toutes les tentatives de "guérison" échouent, obtenant au pire une renonciation de la victime à vivre sa vie normalement, au prix de troubles mentaux. 
Outre le sujet du harcèlement moral et du licenciement abusif, il reste le problème de l'école et de son "éthique". Je n'ose imaginer la vie des enfants qui découvrent leur homosexualité dans et en marge de cette école. Si le choix de vie d'un homme de vivre en couple avec un autre homme adulte et consentant est "incohérent" avec l'éthique de l'école en question, alors l'éthique de l'école est incohérente avec les droits de l'homme tels qu'on les conçoit en France. 
Il me semble que le choix à donner à cet établissement doit être soit de renoncer à enseigner à des enfants de France, soit de faire une cure accélérée de "désintoxication" à l'intolérance, se concluant par un abandon définitif des discriminations envers les gays.
J'espère que la Halde aura la volonté et le pouvoir d'imposer une de ces deux solutions. Et que l'Europe se penchera sur l'existence éventuelle d'un camp de torture sur son territoire, en Espagne.

samedi 2 juillet 2011

WOODY L'ENCHANTEUR

J'ai une love story avec Woody Allen. Oh, je sais, il préfère les femmes, et d'après la rumeur elles le lui rendent bien. Je suis d'autant moins suspect d'orgueil ou de vantardise que je partage cet amour avec des centaines de milliers de français. Je ne peux décemment pas avouer quand j'ai commencé, n'étant plus de la fraîcheur du jour.
J'appréhendais pourtant l'arrivée du cru 2011 du grand cinéaste, au vu de critiques très négatives, et car j'ai attrapé depuis quelques mois une cinématose aigüe. J'ai détesté quasiment tous les films que j'ai vu, et comme j'ai moyennement aimé les derniers Woody Allen, je craignais le pire. Il ne rejoignait plus autant mes névroses, il m'embarquait cahin-caha dans ses périples loin de New York. Cette fois il prétendait me faire rêver de Paris, moi qui n'aime Paris que dans la fugacité d'un weekend volé.
Mais dès le début du film, il n'hésite pas à exposer une longue carte postale des coins typiques de Paris sur fond jazzy. Je me sens nostalgique de mes promenades nocturnes lorsque j'ai habité brièvement  la capitale, et la nostalgie ne me quittera pas de tout le film. Le héros a besoin de fuir une famille américaine plus caricaturale qu'un article du New York Post, et une merveilleuse échappatoire se présente.
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Minuit à Paris livre1
Paris recèle bien des surprises, et moi aussi les années vingt sont ma référence d'époque bénie. J'en aime l'art, la décoration, les modes vestimentaires, et je raffolerais d'y vivre, à condition bien sûr de faire partie de ces bourgeois-artistes pour lesquels les salons étaient des cantines. Dans Minuit à Paris, on rencontre du reste des célébrités d'époque, comme Picasso ou Gertrude Stein, excusez du peu. On aperçoit également Le brillant compositeur jazzy Cole Porter, dont les belles chansons d'amour ont dû être écrites en pensant à un homme...
Aussitôt que j'ai connu Marion Cotillard, je lui ai trouvé un visage de Betty Boop. Elle était très jeune, et elle est devenue une très belle femme capable de se fondre dans tous les milieux. Elle est donc parfaite dans le film, le Paris des années vingt, le rôle de la femme fatale, une histoire qui m'a embarquée et dans laquelle j'aurais aimé rester. 
J'ai vu arriver la fin du film avec beaucoup de regrets, et la circulation pour me ramener chez moi avait des allures de rallye Hispano-Suiza et Bugatti. Ma nostalgie n'est pas une fuite du temps présent, l'inventivité révolutionnaire des années vingt sont une source de modernité dans notre décennie un peu décadente. 
Un motif d'espoir, qui donne envie d'être heureux à Paris à minuit, ou ailleurs ici et maintenant. Tout comme Minuit à Paris, le film de Woody Allen.