mardi 29 novembre 2011

THE LADY

C'est le mari de l’héroïne aux prises avec la dictature birmane qui sert de fil conducteur à The Lady : Un intellectuel anglais amoureux, entraîné dans une aventure qu'il essaye de faire sienne. Comment l'amour peut-il trouver sa place lorsque l'objet aimé est dévoré par sa vocation politique? 
Son épouse lutte avec dignité et droiture contre la tyrannie par la résistance non-violente. Elle tente d'animer le mouvement de libération, en dépit des pièges tendus et des pressions exercées par les despotes. Lui louvoie en trimballant leurs enfants, entre la Birmanie et l'Angleterre, au gré des visas reçus ou refusés. Le scénario est centré sur la vie personnelle de cette famille, sans occulter le combat politique de cette femme et ses partisans. 

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The Lady 1
 Les paysages et les décors sont magnifiquement filmés, l'histoire se déroule sans heurts, et les moments d'effroi sont équilibrés par des instants de rire ou d'émotion. Le film est optimiste car en restant en vie et en organisant un retentissement international, le personnage principal suit son objectif sans faille. 
Je craignais que Luc Besson ne laisse libre cours dans son nouveau film à sa naïveté et son goût des grands effets, alors que le sujet de The Lady nécessitait rigueur et engagement. 
On pourra trouver qu'aborder l'action d'une telle femme par l'angle de son histoire d'amour est puéril : C'est un peu comme si l'on filmait une biographie de De Gaulle à travers le regard de sa femme Yvonne.
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The Lady 2
En fait, en sortant de cette séance on a surtout envie de parler de l’héroïne qui a inspiré le réalisateur, Aung San Suu Kyi. Cette personne est en Birmanie en ce moment même et son action continue, les journaux en rendent compte régulièrement.
Le parti pris de Besson d'aborder son  icône sous l'aspect sentimental ne l'empêche pas de s'effacer derrière son héroïne. Par sa simplicité, son œuvre donne envie de s'intéresser à la femme politique qui lutte contre une junte grotesque et sanglante en Birmanie. C'est un compliment pour un long métrage qui attire l'attention sur une personne hors du commun. 
Et après tout, on va bien au cinéma pour oublier le quotidien, et sur ce plan c'est réussi. The Lady sort demain en france.

vendredi 25 novembre 2011

N'AI-JE DONC RIEN APPRIS?

Pas plus que l'homosexualité, je n'ai choisi mon tempérament.  
Je supporte difficilement les contraintes, mêmes celles que je tente de m'imposer : J'ai eu des problèmes dès que j'ai commencé à travailler. J'avais décroché un job d'ingénieur commercial à Paris. L'idée était bonne, car le commercial est un poste assez autonome. 
Hélas l'entreprise qui m'avait embauché considérait que former ses employés à ses méthodes américaines et ses produits asiatiques était indispensable. Je fus donc convoqué pour suivre une formation les huit premiers jours. Le premier, tout se passa bien. Pour l'entreprise. Un cadre fort ennuyeux nous raconta dès neuf heures tapantes les arcanes de la vente à l'américaine du Middle West. Il suivait son fil et ne supportait pas les interruptions, ni les bavardages. Sa journée minutée et son enthousiasme forcé faillirent me provoquer une polyarthrite juvénile fulgurante à force de bâillements sans limites. 
Le lendemain matin pour aller au boulot j'empruntai le périph, mais me trompai de direction. Pour faire demi-tour je pris la première sortie, mais me retrouvai sur une autoroute en direction de Marne-la-Vallée. A nouveau je sortis mais il n'y avait pas de rond-point avant la rase-campagne. Je finis par m'arrêter pour un besoin personnel et retourner enfin sur mes traces. Avec les bouchons et mon inattention j'arrivai avec plusieurs heures de retard. On ne me croira pas, mais en sept matinées je visitai contre mon gré toute la banlieue de Paris. Et même le vingtième arrondissement. Le "je me suis encore perdu" quotidien me valut un avertissement. 
Par la suite, je ratais presque toujours le débriefing hebdomadaire obligatoire. En trois ans ils ne voulurent jamais croire que je ne le faisais pas exprès.
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N'ai-je donc rien appris domaine public
Pourtant je me perdais, tombais malade, n'entendais pas le réveil, me trompais de bâtiment, de jour, fixai par erreur un rendez-vous à un gros client à la même heure, avais un accident de voiture, absolument involontairement. Ils durent me dispenser officiellement de la réunion du lundi matin pour que j'arrive enfin à obéir. 
Je ne supporte pas les obligations, c'en est une maladie. Au service militaire je me suis évanoui (endormi?) deux fois lors des présentations imposées au drapeau, j'en ai été dispensé pour raisons médicales. Encore aujourd'hui je regrette qu'un coup de fil au dernier moment ne puisse organiser tous mes rendez-vous, tant je ne suis pas sûr que mon inconscient m'autorisera une contrainte, surtout répétitive. Je dois ruser.
J'ai dû arrêter la course à cause d'une entorse et je me suis mis à la piscine. Inutile de tenter un club ou prendre des cours à heures fixes, je ne m'y tiendrais pas. Je ne prévois jamais d'avance l'heure de mes séances, j'improvise trois fois par semaine en fonction des horaires d'ouverture. Surtout pas toujours le même. A ce prix je parviens à une certaine régularité. 
J'ai changé quinze fois d'entreprise, et enfin à mon compte je suis soulagé : aucun supérieur ne tente désormais de me mettre au pas. Le seul avantage de ma malédiction est que sur le plan sentimental, je crois que mon chéri trouve son compte dans mon coté parfois inattendu : l'amour est enfant de bohème. Je n'ai rien souhaité de ce fonctionnement, mais à force je me discipline. Dans le couple, je suis chargé des repas, et je suis fier d'avoir réussi à  me soumettre à une saine ponctualité, nous dînons tous les soirs! L'heure varie de dix-neuf heures à vingt heures trente, mais c'est mon maximum. Sauf quand j'oublie et que je découvre Gabriel soupirant et affamé aux fourneaux. 
Je ne crois pas que l'on change en fait, je crois qu'en mûrissant on apprend à s'adapter à nos limites. 
Et c'est déjà pas mal.

lundi 14 novembre 2011

SALON DE CREATION

J'atterris souvent autour ou au nord du quartier Bastille, où les parisiens que je fréquente semblent se concentrer. Ce weekend de novembre nous avons tué une heure de début de soirée au "Grand marché de l'art Contemporain", qu'un lyonnais ou un Angevin appellerait un marché de la création. 
De fait j'apprécie beaucoup ces marchés où tous les exposants sont d'authentiques artisans d'art ou artistes.
Le verre fournit des occasions de brillances fascinantes, et un reflet romantique à découvrir sur l'image.

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salon de création 1 table verre
Un fou d'ardoises évoque Soulages avec des effets de chatoiements noirs.

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salon de création 2 ardoises
J'ai bien aimé les marcheurs sans fin. 

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Salon de création 3 marcheurs
En tant que lampe, ça ne paraît pas très abouti, mais pour du vitrail il y a quelque chose.

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Salon de création 4 vitraux
Un banc champêtre pour mon jardin, mais est-il confortable? ce n'est pas l'essentiel.

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salon de création 5 banc champêtre
Des stands classiques entre le port de l'arsenal et l'opéra bastille.

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salon de création 6 stands
Quand on contemple des créations même malhabiles, ou de l'art, on respire.
L'art, ultime recours lorsque tout le reste est vain?

dimanche 13 novembre 2011

MARIANNE ET LE MARIAGE

Ils ont eu le courage de se marier à la mairie de Perpignan. Oh, bien sûr, je sais, ce mariage sera invalidé, en dépit de la mairie, de la présence du maire et de leurs invités. Deux hommes n'ont toujours aucun droit de convoler officiellement, d'unir leurs destinées d'adultes responsables.
On a entendu les habituelles récriminations et injures, ce n'est qu'une provocation, une manœuvre électorale, on bafoue le visage de la République. Habituelles car je les entendais déjà lorsque tenant innocemment la main de mon amoureux, je voulais vivre la seule vie que la nature m'ait offerte, celle d'un gay.
Pourtant il me semble que Marianne s'est sentie autrement bafouée à chaque fois que l'on a commis en son nom tout au long du siècle dernier des actes véritablement honteux.
Je ne crois pas en fait qu'elle scruterait nos lits, à essayer de deviner nos ébats pour les condamner, si elle était matérialisée devant nous. Je crois qu'elle nous accorderait cette égalité que nous désirons tant comme une évidence.
Ces deux hommes ne sont peut-être qu'un peu en avance sur leur temps. Comme l'ont été récemment des juges entreprenants qui ont porté des coups de canifs au rejet des pères et mères gay(e)s, et comme de nombreux pays étrangers plus progressistes.
Mais je crois qu'en profitant de la possibilité offerte par ce maire, ils ont surtout plongé dans l'instant présent de leur affection. En public ils ont affirmé qu'ils étaient chacun pour l'autre l'objet d'un amour sincère et sans limite. En s'embrassant devant tous, ils ont ritualisé pour la République l'engagement profond de deux adultes libres et aimants. Et ce public-là était fraternel.
En regardant la fin du reportage sur les visages des jeunes mariés émus et déterminés,  j'ai eu la certitude que même si ce mariage était défait dès lundi, il a eu lieu et ce n'est pas rien.
Et j'ai bien cru voir Marianne s'éloigner avec un petit sourire complice, car dans cette salle les trois mots inscrits sur toutes les mairies avaient régné en maîtres quelques dizaines de minutes.

jeudi 10 novembre 2011

INDIGNEZ VOUS

Je fais (très) rarement de la politique sur ce blog. 
Néanmoins aujourd'hui je suis Indigné. 
Les marchés financier sont en train de mettre à genoux l'Europe et la France, c'est à dire nous. 
Cela n'est rendu possible que par un manque de fermeté des gouvernements qui n'utilisent pas suffisamment d'arme de dissuasion contre les spéculateurs et les créanciers des différents pays. Rappelons que l'Islande a  tenu ce discours de fermeté lors d'une quasi-faillite du pays, en nationalisant les banques et en s'appuyant sur deux référendums pour refuser les diktats des créanciers. Bien lui en a pris, sa situation se normalise sans trop de casse.
Ce sont les marchés financiers qui ont créé le chaos actuel en développant des produits aberrants et une spéculation forcenée. 
Ce sont eux qui s'appuient maintenant sur la mollesse des gouvernements pour faire des profits gigantesques sur le dos des citoyens européens.
Je soutiens donc le mouvement des Indignés  qui fait pression, sans distinction de parti ou de bord politique, sur les instances françaises et européennes pour une fermeté totale à l'égard des marchés financiers. 
Je ne souhaite pas le grand soir, mais le pouvoir doit rester aux citoyens et nous exprimerons cette exigence le 11 novembre partout en France.

mardi 8 novembre 2011

MA PREMIERE FOIS

Qu'est-ce qui peut bien distinguer les blogueurs des vulgum pecus ne se donnant pas cette peine? Pour répondre à cette question je rencontre pour la première fois des blogueurs à Paris. 
Les débuts sont difficiles : Apercevant au dessus de ma tête une célèbre enseigne de grands magasins, Je donne rendez-vous à l'entrée, logique. Naïf que je suis d'oublier qu'un grand magasin parisien cumule de nombreuses entrées, qu'il organise toutes savamment pour faire croire que chacune est la principale. Moi et mon rencart tournons donc joyeusement pendant dix minutes. 
Au moins ai-je le plaisir de faire à mon interlocuteur de dos une divination en décrivant sa tenue. L'auteur de Deefblog arbore sur son visage un sourire désarmant surgi de l'enfance, peu avant de me présenter la barbe bien taillée de celui de Des fraises et de la tendresse. Nous baguenaudons à la découverte de quelques cafés, dans un itinéraire que nous partageons avec des centaines de parisiens à l'optimisme béat, vu qu'ils croient comme nous trouver une terrasse tranquille! 
Au passage j'admire le sens des affaires des tenanciers. Non seulement ils casent plus de clients à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais ils font des économies de chaises et tables. Un petit coin de terrasse et sa table de bistro nous permettent finalement un petit tour du monde et de la littérature.  Ouf.
En reprenant mon rer, je vois sa population évoluer de station en station. Un vieil homme à la peau laiteuse et parsemée de tâches, cheveux blancs, grimpe à son tour. La poche de sa veste est renflée et le goulot vert dépasse. Le wagon est silencieux comme le sont les rames parisiennes, traits tirés et indifférence quotidienne. les provinciaux ont bien tort de saluer quelqu'un dans le ter, juste parce qu'ils le côtoient tous les jours. Les parisiens du rer eux, savent qu'il faut feindre ne reconnaître personne. 
On n'entend que le vieux qui tousse. Ou est-ce autre chose? On dirait qu'il pousse plutôt un cri de ménate. Une personne lui cède son strapontin, sans parole. Une fois assis il murmure des propos incompréhensibles. Puis ce sont des insultes, avec des mots que l'on n'a plus à utiliser depuis l'abolition de l'esclavage. De plus en plus fort, de plus en plus clairs. 
Un jeune commence à dire à voix haute qu'il ferme sa gueule, celui-là. Entre moi et le fond du wagon au loin, il n'y a que le vieux qui ait la peau claire. Pourtant je me sens plus proche de n'importe qui d'autre ici. Lorsque l'homme parle de vermine, le trentenaire qui partage ma banquette, dont la veste touche ma cuisse, crie qu'on va le faire taire. Je découvre à ce moment que le clochard a une ancienne trace de désinfectant rouge sur le crâne, que l'on devine à travers les cheveux blancs. Il continue de vociférer, tandis que les portes s'ouvrent sur La Courneuve. Des jeunes par groupe de cinq ou six l'entendent et crient du marchepied qu'ils vont le faire descendre et s'occuper de lui. Je voudrais intervenir, mais suis-je le mieux placé pour défendre cet individu au comportement insupportable? Mon voisin s'agite à nouveau, parle fort et fait mine de se lever. Je lui tiens le bras et lui dis qu'il ne s'agit que d'un poivrot, qui ne se rend pas compte des horreurs qu'il dit. S'il tend la main, il peut attraper le vieux. Je croise le regard de ma voisine d'en face, elle a un peu peur. Ma phrase est tombée dans un nouveau silence. 
C'est désormais moi que les jeunes à la porte regardent. Puis de l'autre coté de l'allée un homme d'une quarantaine d'année se lève et se penche. Il est grand et carré, style agent de sécurité. Il ordonne aux jeunes de lâcher la porte pour que le rer puisse repartir. Le train repart, l'insulteur se tait.
Je remercie Paris d'avoir prévu un peu d'animation exotique pour ma première fois, mais il ne fallait pas, vraiment.
 Ah, au fait, les blogueurs ont bien quelque chose en plus des gens habituels : un blog pour raconter des histoires de tous les jours.